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La ministre de la Santé déconseille les écrans aux enfants de moins de trois ans

Par Mathilde Debry

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a rappelé les risques qui pèsent sur la santé des enfants qui trop exposés aux écrans. 

quintanilla / Istock.

A l'occasion des dix ans de la campagne du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) visant à bannir les écrans pour les moins de trois ans, la ministre de la Santé a rappelé leurs dangers sur la santé. "S'il ne faut pas culpabiliser les parents, il ne faut pas ignorer les risques qui pèsent sur les jeunes enfants", a insisté Agnès Buzyn, évoquant des "conséquences sur le développement du cerveau, l'acquisition du langage et le niveau de concentration", des "troubles du sommeil et de la vision" et de "l’obésité liée à la sédentarité".

"Soutien sans réserve" à l'action du CSA

La campagne du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel "Pas d'écran avant 3 ans" a été lancée il y a 10 ans, lorsque des chaînes anglo-saxonnes dédiées aux bébés avaient cherché à s'installer en France. "Nous voyons aujourd'hui combien cette alerte était nécessaire et combien cet enjeu est toujours d'actualité", a insisté la ministre de la Santé, exprimant son "soutien sans réserve" à l'action du CSA dans ce domaine.

Un enfant sur deux commence à regarder la télévision avant 18 mois, selon les résultats préliminaires d'une récente étude menée par l'Inserm et l'Ined sur le sujet. Deux enfants sur trois âgés de 2 ans regardent la télé tous les jours, et la situation empire à mesure que le niveau d’étude des parents baisse. 4 enfants sur cinq sont quotidiennement devant la télé dans les familles avec un niveau d'études inférieur au bac. 

"L'Inserm, l'Ined et la direction générale de la santé travaillent à faire évoluer les recommandations des autorités sur le sujet, qui restent floues. Ce que l'on observe pour l'instant, c'est que ce temps passé devant la télé se fait au détriment d'autres activités et de temps de socialisation importants pour le développement de l'enfant", souligne sur France Info Jonathan Bernard, épidémiologiste à l'Inserm et auteur de l’étude. 

De graves retards du développement

Concernant les autres écrans, une majorité d’enfants n’utilise pas de tablette ou de smartphone à 2 ans, mais 20 à 30% les regardent au moins chaque semaine, particulièrement dans les familles nombreuses. Les enfants qui ont au moins deux frères ou sœurs ont tendance à jouer moins aux jeux vidéo, mais à utiliser plus souvent des smartphones.

"Afin de prévenir de graves retards du développement chez les bébés et les jeunes enfants, nous demandons que des campagnes nationales issues des observations et des recommandations des professionnels du terrain […] soient menées en France et diffusées dans tous les lieux de la petite enfance", appelait déjà l’année dernière dans une tribune au Monde 31 professionnels de l’enfance. 

Troubles du spectre autistique

Ils alertaient sur les retards de développement graves que peut provoquer une surexposition aux écrans chez les plus petits. "Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs", s’inquiétaient-ils. 

D’après les professionnels, les troubles les plus graves présentés par ces enfants s’apparentent fortement à des troubles du spectre autistique. Certains ne parlent toujours pas à l’âge de 4 ans, souffrent de problèmes d’attention, sont incapables de maintenir un regard sur un adulte ou même un objet s’il ne comporte pas d’écran.