La constipation est un problème courant, qui peut être très douloureux et fort handicapant. Lorsqu’elle est chronique, elle peut correspondre à une "défécation dyssynergique" (30% des cas environ), et les traitements standard comme une plus grande quantité de fibres dans l'alimentation, les émollients fécaux et les laxatifs ne fonctionnent pas. Certains ont ces problèmes depuis l’enfance, et d’autres les ont développés plus tard, suite à des épisodes de la vie comme une grossesse, des problèmes de dos ou des hémorroïdes.
Re-coordonner les muscles
Cette nouvelle thérapie, connue sous le nom de biofeedback, vient de faire ses preuves chez des patients souffrant de "constipation chronique dyssynergique" ou dysfonctionnement du plancher pelvien : 68% si la technique est réalisée chez soi et 70% si elle est réalisée à l'hôpital. Elle apprend tout simplement à re-coordonner les muscles abdominaux, pelviens et intestinaux. Elle permet de "retrouver le rythme naturel de contraction des muscles du haut du rectum pour évacuer les selles tout en détendant les muscles à l'ouverture anale afin que les selles puissent sortir", explique Rao J. Harold Harrison, gastroentérologue et directeur de l’étude.
Aller à la selle est en effet un processus physiologique qu’il est possible de diviser en plusieurs séquences. Lorsque des personnes qui ne sont pas constipées vont aux toilettes, elles augmentent les pressions intra-abdominales et intra-rectales et, en même temps, elles détendent les muscles pelviens et l'ouverture anale. Cette ouverture se fait mal dans la constipation dyssynergique: "Quand les patients atteints de dyssynergie tentent d'avoir des selles, ils les repoussent ou simplement les retiennent à leur insu", précise Rao J. Harold Harrison.
Un asynchronisme des contraction
Il s'agit donc d'une habitude inefficace lorsque l'on va à la selle et qui s'acquiert sans le vouloir : les muscles abdominaux se distendent pendant que le plancher pelvien se contracte : ces efforts n’arrivent plus à faire passer les selles à travers la barrière musculaire solide du pelvis.
Le plancher pelvien est, en effet, formé de muscles qui aident à contrôler la défécation. Un bonne coordination des mouvements pour les selles demande la synchronisation de contractions légères et profondes des muscles abdominaux et intestinaux, et d’une relaxation complète du plancher pelvien. Le muscle pubo-rectal, qui agit à titre de fronde puisque lorsqu’il est au repos, augmente l’angle entre le rectum et l’anus pour aider à la défécation. Il faut que le sphincter anal externe et le muscle pubo-rectal se relâchent en même temps pour permettre la défécation.
Une thérapie à domicile
L'American Gastroenterology Association, l'American Neurogastroenterology and Motility Society et l'European Society of Neurogastroenterology and Motility ont toutes donné leur aval à ce nouveau traitement. Pour parvenir à ces résultats, 100 patients ont testé la thérapie de biofeedback chez eux, d’autres dans un cabinet médical. La moitié ont été répartis au hasard dans chaque groupe, de janvier 2005 à janvier 2010. La correction du problème de constipation a été observée dans 72% du groupe de thérapie à domicile et dans 80% du groupe au bureau.
Dans les pays occidentaux, le nombre de personnes souffrant de constipation chronique est estimé entre 3% et 5% de la population adulte. Si l’on étend cette statistique à l’ensemble des personnes constipées (tous type de constipation confondus : constipation occasionnelle et constipation chronique), ce chiffre s’établit entre 10% et 30% de la population adulte. Non traitée, la constipation peut avoir de graves conséquences, comme l’occlusion intestinale, des fissures anales ou une incontinence fécale.