Le cerveau des humains, et des mammifères en général, est doté d’un système de récompense. Ce dernier nous permet de réaliser certaines actions ou d’avoir certains comportements, poussés pas trois facteurs : un facteur affectif, constitué du plaisir provoqué par la "récompense" obtenue après l’action, un facteur correspondant à la motivation que l’on a à obtenir cette récompense, mais aussi un facteur cognitif, relatif à ce que l’on va apprendre grâce à cette action. C’est pour cela, par exemple, que l’on dresse les chiens en leur donnant de la nourriture quand ils font ce qu’on leur demande. La nourriture, pour l’animal, est la récompense. C’est la même chose pour les humains.
Notre jugement est biaisé
Selon une nouvelle étude, menée par le Max Planck Institute for Metabolism Research, à Cologne (Allemagne) et publiée dans la revue The Journal of Neuroscience, ce système de récompense affecte notre jugement face à certaines expériences, car il est lié à nos préférences. "Dans des situations complexes et confuses, nous risquons de porter un jugement biaisé dès que nous préférons une conclusion à une autre", explique ainsi Bojana Kuzmanovic, l’une des scientifiques de l’étude.
Les participants ont été invités à estimer le risque moyen et personnel de différents évènements négatifs. Ensuite, le vrai risque moyen leur était communiqué. Ils ont ensuite ajusté leurs estimations en fonction. "En ignorant les informations déplaisantes, nous évitons de tirer des conclusions menaçantes. Nous pourrions par exemple négliger les statistiques fédérales qui indiquent un risque plus élevé de crise cardiaque, car nous pensons que nous avons un mode de vie particulièrement sain." En d’autres mots, nous portons un jugement sur une situation en fonction de ce qui nous "arrange".
Nos désirs activent le système de récompense
Pour mener leur recherche, les scientifiques ont utilisé la tomographie par résonance magnétique pour enregistrer l’activité cérébrale. Ils ont constaté que nos préférences activent certaines régions du cerveau, qui sont aussi fortement stimulées par les récompenses, comme la nourriture ou encore l’argent.
Les chercheurs ont aussi démontré, et ce pour la première fois, que le système de récompense stimulait à son tour certaines zones du cerveau, déjà elles-mêmes impliquées dans le processus de conclusion, et donc de jugement. Plus cette influence était forte, plus le jugement des participants à l’étude était motivé par leurs désirs et leurs souhaits. Ainsi, les systèmes cérébraux qui motivent nos efforts dans le but d’avoir une récompense motivent aussi la construction de notre jugement. Prochaine étape pour les scientifiques : comparer ces systèmes chez des personnes en bonne santé et chez des personnes malades.