En France, on estime à 7 à 8 millions le nombre de personnes souffrant régulièrement de migraines, soit environ 12% de la population adulte et 5 à 10% des enfants. Invalidantes et extrêmement douloureuses, ces céphalées ont la particularité de survenir par crise. Impossible alors pour les personnes qui en souffrent de continuer à vaquer leurs occupations quotidiennes. Elles se retrouvent contraintes au repos, dans le noir et dans le silence, afin que leur crise migraineuse disparaisse.
Pour de nombreux patients, ces migraines à répétition sont devenues une fatalité, d’autant que les médicaments qui existent pour les soulager s’avèrent selon les cas et selon les patients plus ou moins efficaces. Une nouvelle molécule pourrait cependant révolutionner les traitements anti-migraines.
Un traitement qui bloque les signaux de douleur
Présenté en avril dernier lors de la 70e assemblée annuelle de l’American Academy of Neurology à Los Angeles, ce nouveau traitement appelé érénumab permettrait de réduire de moitié le nombre d’épisodes migraineux chez certains patients. Il fait aujourd’hui l’objet d’une vaste étude publiée dans The Lancet.
L’érénumab est un anticorps monoclonal qui bloque les signaux de douleur en ciblant un récepteur du peptide lié au gène de la calcitonine CGRP (pour Calcitonine-Gene Relatide Peptide). Ce peptide transmet habituellement les signaux de la douleur migraineuse. Or, l’érénumab parvient à bloquer son action en ciblant les nerfs du système nerveux.
Son efficacité a été testée lors d’une étude randomisée de 12 semaines menée sur 59 sites dans 16 pays, et appelée Liberty. Les 246 patients adultes sélectionnés étaient tous migraineux et avaient testé sans succès (en termes d’efficacité, de tolérance, ou les deux) entre 2 et 4 traitements de prévention. Ils ont été répartis au hasard en deux groupes : le premier a été sélectionné pour recevoir 140 mg d’érénumab (2 injections de 70 mg), et le second un placebo, toutes les 4 semaines par voie cutanée sur une période de 12 semaines.
"Les personnes incluses dans notre étude étaient considérées comme plus difficiles à traiter, ce qui signifie que jusqu'à quatre autres traitements préventifs n'avaient pas fonctionné", a déclaré Uwe Reuter, professeur à l’Université de médecine de Berlin et principal auteur de l’étude. "Nos travaux ont montré que l'érénumab réduit le nombre moyen de migraines mensuelles de plus de 50% pour près d'un tiers des participants, ce qui peut grandement améliorer la qualité de vie d'une personne."
Une réduction des épisodes migraineux de 50%
Les chercheurs ont en effet constaté qu’après 12 semaines de traitement, les personnes sous érénumab étaient presque trois fois plus susceptibles d’avoir réduit leurs jours de migraine de 50% ou plus par rapport à celles sous placebo. Au total, 30% des personnes traitées à l’érénumab présentaient une réduction de 50% ou plus du nombre de jours moyens mensuels sans migraine, contre 14% chez les patients qui prenaient le placebo.
"Nos résultats montrent que les personnes qui pensaient que leurs migraines étaient difficiles à prévenir peuvent avoir l'espoir de trouver un soulagement à leur douleur", a déclaré le Pr Reuter. L’érénumab pourrait donc être une option pour les patients souffrant de migraines difficiles à traiter.
Commercialisé par les laboratoires Amgen et Novartis sous le nom d’Aimovig, l’érénumab a déjà été approuvé dans l'Espace économique européen, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Suisse, aux Émirats arabes unis et à Singapour. À l’issue des négociations sur son prix, il devrait donc faire prochainement son apparition dans les rayons de nos pharmacies.