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À éviter pendant la grossesse

Puberté précoce : des perturbateurs endocriniens identifiés chez les filles

Par Johanna Hébert

Des chercheurs de l’université d’Aarhus, au Danemark, ont mené une vaste enquête sur la puberté. Ils publient deux études qui montrent que le comportement de la mère pendant sa grossesse peut entrainer une puberté précoce chez son enfant. Parmi les facteurs de risque: le tabagisme et la prise de médicaments contre la douleur.

Sasha_Suzi / iStock

Une femme sur cinq continue de fumer pendant la grossesse. Pourtant, nous savons que cela peut avoir de mauvaises conséquences sur le bébé, comme des malformations, des problèmes de croissance ou encore des troubles de l’audition.

Des chercheurs de l’université danoise d’Aarhus, ont réalisé une vaste enquête sur la puberté. Ils ont aussi découvert que ne pas arrêter de fumer pendant la grossesse peut aussi provoquer une puberté précoce chez l’enfant. Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue American Journal of Epidemiology.

La puberté trois à six mois plus tôt

"Nous avons constaté que les enfants de mères qui fumaient plus de dix cigarettes par jour pendant leur grossesse entraient en moyenne trois à six mois plus tôt dans la puberté que les enfants nés d’une mère non fumeuse", explique ainsi Nis Brix, chercheuse qui a co-réalisé l’étude.

Au total, 15 819 femmes enceintes et leurs enfants ont participé à la recherche. Pendant leur grossesse, les femmes ont été interrogées sur leur consommation de tabac. Puis, leurs enfants ont été suivis tous les six mois à partir de l’âge de onze ans. Ce qui inquiète les chercheurs, c’est que cette puberté précoce est associée à un risque accru de certaines maladies, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore le cancer. "Nous espérons que nos résultats pourront être utilisés comme un autre facteur de motivation pour arrêter de fumer chez les femmes qui envisagent une grossesse", conclue Nis Brix.

Prise d’anti-douleurs et puberté précoce chez les filles

En parallèle, les chercheurs de l’université d’Aarhus ont réalisé une autre étude. Cette dernière démontre que plus une femme prend des médicaments contre la douleur pendant sa grossesse, plus sa fille entre tôt dans la puberté. Généralement, les jeunes filles commencent à avoir des seins, des boutons et leurs règles vers l’âge de dix ou onze ans. Mais si la mère, pendant qu’elle est enceinte, prend du paracétamol ou des antalgiques régulièrement, sa fille entre dans la puberté entre un an et demi et trois mois plus tôt.

Les chercheurs ont analysé une vaste base de données sur la puberté au Danemark. Environ 100 000 femmes ont donné des informations détaillées sur leur consommation de médicaments anti-douleurs, et ce à trois reprises pendant leur grossesse. Au total, 15 822 enfants, 7697 garçons et 8125 filles nés de ces mères entre 2000 et 2003 ont été suivis, aussi dès l’âge de onze ans. Selon les résultats, les garçons n’ont pas connu de puberté précoce.

Les chercheurs attirent l’attention sur la consommation grandissante de paracétamol, considéré comme un "choix sûr et sans danger". Cette dernière aurait augmenté de 50% ces dernières années. Pourtant, il a déjà été montré qu’en prendre pendant la grossesse pouvait aussi entrainer de l’hyperactivité et de l’autisme chez l’enfant.