Chaque année, en France, plus de 140 000 personnes sont frappées par un accident vasculaire cérébral (AVC). 3e cause de mortalité en France avec 60 000 décès par an, l’AVC est d’autant plus pernicieux qu’il peut frapper n’importe qui, à n’importe quel moment, sans qu’aucun signe avant-coureur n’ait été détecté.
Alors que se tiendra le 29 octobre prochain la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral, la Société française neuro-vasculaire (SFCV) se mobilise pour alerter la population à travers une nouvelle campagne de sensibilisation. Appelée "Tous concernés", elle tient à rappeler que, contrairement aux idées reçues, les seniors ne sont pas les seules victimes d’AVC mais que les jeunes adultes, et même les enfants, peuvent être frappés.
"La prise en charge de l’AVC a évolué de façon considérable au cours des dernières années et les acteurs de santé doivent désormais faire en sorte d’éviter que les individus ne deviennent des malades. À travers cette nouvelle campagne, nous souhaitons rappeler que l’AVC est l’affaire de toutes et tous : enfants, jeunes, adultes, séniors, il n’est jamais trop tôt ou trop tard pour prévenir l’AVC", explique le Professeur Serge Timsit, Président de la SFNV et Chef du Service du Neurologie au CHU de Brest.
Des signes avant-coureurs à connaître
Un AVC survient lorsque la circulation sanguine vers ou dans le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché (71% des AVC sont des accidents ischémiques), ou lorsque la rupture d’un vaisseau sanguin provoquant une hémorragie (25% sont des AVC hémorragiques ou des hémorragies méningées) survient dans le cerveau. Les conséquences peuvent être dramatiques avec des cellules du cerveau qui sont détruites ou qui ne reçoivent plus l’oxygène et le glucose dont elles ont besoin pour fonctionner normalement.
L’AVC est une urgence médicale absolue, qui nécessite une prise en charge immédiate en appelant le 15. Le problème est que rares sont les personnes à reconnaître les signes avant-coureurs d’un accident vasculaire cérébral. Ils existent pourtant. L’objectif de cette nouvelle campagne est aussi de sensibiliser la population à une meilleure détection de ces symptômes.
Parmi ceux qui doivent immédiatement alerter, on trouve la survenue brutale d’un trouble de l’élocution, un engourdissement ou une paralysie d’un bras, d’une jambe ou d’une moitié du visage, un trouble de la vision ou amputation du champ de vision le plus souvent d’un seul œil, ainsi que des étourdissements, des vertiges et une perte d’équilibre.
Les femmes, les enfants et les jeunes, aussi concernés
L’autre nécessité, en cette Journée mondiale de l’AVC, est la sensibilisation de populations à risque mais qui ne se sentent pas toujours concernées. Parmi elles, les jeunes femmes, qui représentent 54% des personnes succombant à un AVC et qui sont concernées par des facteurs de risque qui leur sont propres : l’association pilule, tabagisme et migraine avec aura qui accroît le risque d’AVC, mais aussi les périodes à risque comme la grossesse, la ménopause et le traitement hormonal substitutif, la dépression et le stress psycho-social auxquels les femmes sont plus exposées que les hommes.
Chez les moins de 18 ans, les accidents vasculaires cérébraux restent rares (moins de 1%) mais sont aussi mal diagnostiqués. Les jeunes adultes, quant à eux, connaissent une augmentation de cas avec des facteurs de risques qui ont tendance à croître dès l’âge de 35 ans : mauvaise alimentation, tabac, sédentarité, prédisposition génétique, problème cardiaque et hypertension artérielle, qui est le facteur de risque principal. "Sur ce dernier point, les jeunes sont à risque et ils ne pensent pas toujours à vérifier leur tension", souligne auprès du site luxembourgeois L’Essentiel Chantal Keller, présidente de l’ASBL Blëtz (Association Luxembourgeoise des concernés d'une lésion cérébrale). "Actuellement, des jeunes se retrouvent en maison de retraite après un AVC car on ne sait pas où les placer", ajoute-t-elle.
Par ailleurs, de nouveaux facteurs socio-environnementaux se confirment et annoncent probablement un accroissement des AVC pour les années à venir. Parmi eux, la consommation de drogues, la pollution atmosphérique, mais aussi l’augmentation des cas de diabète et d’obésité. Il est heureusement possible de changer son mode de vie et de s’engager au plus tôt dans la lutte contre l’AVC, rappelle cette nouvelle campagne de sensibilisation, qui rappelle que contrôler sa pression artérielle et son cholestérol, manger sainement, avoir une activité sportive (30 minutes de marche par jour) et arrêter de fumer diminue de 80% de risque d’AVC.