C’est une mesure controversée, pensée pour augmenter la part des génériques dans la vente de médicaments. À partir du 1er janvier 2020, les patients qui se verront proposer un générique en pharmacie à la place du médicament d’origine (princeps) et qui le refuseront sans justification médicale seront moins bien remboursés.
Cette mesure figurant dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 est déjà controversée avant même sa mise en application. En effet, elle prévoit que les patients refusant les génériques ne seront plus remboursés sur la base du prix du princeps, mais sur celui du générique le plus cher et devront donc payer la différence de leur poche.
Les médecins aussi sont concernés. Alors que ces derniers peuvent actuellement ajouter la mention "non substituable" sur l’ordonnance (8% des cas) pour refuser le remplacement par un médicament générique, ils devront désormais justifier cette mention par des "critères médicaux objectifs", définis avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
80 millions d’euros d’économies espérés
Objectif d’une telle mesure ? Promouvoir la prescription et la vente de médicaments génériques pour réaliser des économies, car ces derniers coûtent en moyenne 30% moins chers que les princeps.
Actuellement, les génériques ne représentent que 36% du volume de vente de médicaments en France, contre 86% en Allemagne et au Royaume-Uni. Et ce, en dépit des multiples campagnes nationales d’information mettant en avant la dispense d’avance de frais (tiers payant) contre la prescription de génériques, en ou encore les incitations financières faites aux pharmaciens et aux médecins. Face à l’efficacité relative de ces dispositifs, le ministère de la Santé et des Solidarités a donc pris les devants pour réaliser une partie des 3,8 milliards d’économie demandés, et imputer en partie à la vente de médicaments princeps. Il espère ainsi économiser 80 millions d’euros chaque année.
Une "dérive bureaucratique" et une "punition" pour les patients
Mais chez associations de patients, la mesure a du mal à passer. Pour l’organisation France Assos Santé, qui représente 80 associations de patients, les malades contraints de prendre les génériques sont "sanctionnés", ce qui n’est pas le cas des professionnels de santé. Il s’agit selon elle d’une "nouvelle punition" qui ne fera "qu’alimenter les doutes" sur les génériques.
De leur côté, les principaux syndicats de médecins et les pharmaciens dénoncent une "dérive bureaucratique" qui risque d’engendrer des "situations conflictuelles et chronophages" avec les clients.
Interrogé par l'AFP, Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) insiste sur le "risque de confusion" auprès des patients âgés. Il est rejoint par Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, qui affirme que ces derniers se retrouvent "perdus" si les produits changent "de forme, de couleur" et de nom "tous les 3 mois".