Le diagnostic de l’accident vasculaire cérébral (AVC) de type ischémique est urgent car, au début de l’épisode, il est possible de déboucher l’artère où se trouve le caillot afin de réduire les séquelles. Pourtant le diagnostic de l’AVC ischémique serait compliqué, même pour les spécialistes, par les "imitations d’AVC" et les "AVC caméléons". C’est le propos d’une étude publiée dans Neuroimaging Clinics of North America.
Les imitations d'accident vasculaire cérébral sont des maladies qui ressemblent à des accidents vasculaires cérébraux, tandis que les AVC caméléons sont des accidents vasculaires cérébraux qui ressemblent à d'autres maladies.
Fréquences des difficultés diagnostiques
La rapidité du diagnostic "peut être compliquée par l'abondance d’imitations d'AVC "et "d’AVC caméléons", écrit José Biller, professeur et directeur du département de neurologie de la Stritch School of Medicine de l'Université Loyola de Chicago.
Les AVC ischémiques sont causés par des caillots sanguins qui bloquent le flux sanguin oxygéné vers une zone du cerveau avec le risque d’un infarctus de la zone du cerveau en aval de l’artère bouchée. Ils représentent environ 85% de tous les AVC. L'autre catégorie principale d'accident vasculaire cérébral, l’AVC hémorragique, est causé par un saignement dans le cerveau.
Les lésions définitives causées par un AVC ischémique peuvent être minimisées en rétablissant rapidement le flux sanguin. Cela peut être fait en administrant un médicament fibrinolytique intraveineux (tPA) qui va dissoudre les caillots, ou en réalisant une chirurgie peu invasive pour retirer le caillot sanguin. Mais de tels traitements peuvent faire plus de mal que de bien si un patient est mal diagnostiqué.
Fréquence des imitations d’AVC
La fréquence exacte des imitations d'AVC est inconnue. Selon des études antérieures, entre 1,4 et 38% des patients admis pour un AVC ischémique présumé, ont d'autres maladies. Par exemple, le Dr Biller rapporte le cas d'une femme de 79 ans qui a soudainement ressenti une faiblesse soudaine du côté droit du corps et des difficultés d'élocution, signes classiques d'un accident vasculaire cérébral. Mais un angioscanner ne montrait aucun signe d'accident vasculaire cérébral et elle fut diagnostiquée comme souffrant d'encéphalite virale. Dans un autre exemple, un homme de 60 ans avait des difficultés à marcher, à parler et à lire. Il avait également des problèmes de vision précédés d'un mal de tête. Le patient avait précédemment reçu des radiations pour une tumeur au cerveau. Plutôt qu'un accident vasculaire cérébral, il souffrait du syndrome SMART (crises migraineuses ressemblant à un AVC après une radiothérapie).
Un large éventail d'autres maladies peuvent également imiter les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, notamment les convulsions, une infection, une hypoglycémie, des vertiges, des drogues, l'alcool et la sclérose en plaques.
Priorité aux explorations en urgence
Lors du traitement d'un AVC ischémique, il est essentiel de rétablir le flux sanguin dans les 3 premières heures afin d’éviter la mort des cellules cérébrales. Mais moins de 10% des patients victimes d'un AVC ischémique reçoivent un médicament anti-caillot à temps. L'une des raisons est la fréquence des imitations d'AVC et les AVC caméléons. Ceci impose d’envoyer les malades suspects de ce problème dans des unités spécialisées où un spécialiste et une imagerie performante permettront de poser le diagnostic dans les délais.
L'attention portée aux subtilités de l'examen neurologique et l'écoute attentive des malades restent essentielles pour la précision du diagnostic et le développement d'un bon jugement clinique. Mais une imagerie performante doit être réalisée en urgence au moindre doute. A l’occasion de la Journée Mondiale de l’AVC, il est bon de rappeler ce fait et de ne pas négliger des signes inhabituels.