Récemment, des médicaments très utilisés contre l'hypertension artérielle ont été associés à un risque accru de cancer du poumon.
Plus précisément, c’est l'utilisation "d'inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC)" pour abaisser la tension artérielle qui a été liée à un risque accru de 14% de cancer du poumon. Un risque très modéré mais qui, rapporté aux nombre de malades prenant ce type de traitement, peut donner un nombre non négligeable de cas.
Étude sur 6 200 patients et 156 articles scientifiques
Cette fois, c’est une batterie de médicaments traitant diverses pathologies, dont l'arthrite, le cancer et des maladies du cœur, qui a été associée à des risques potentiels pour le système respiratoire. Cette conclusion est le résultat d’une étude menée par des chercheurs des Universités de Manchester, Leeds et Sheffield et publiée dans le Journal of Clinical Medicine.
Dans le cadre de cette étude systématique, les chercheurs ont examiné les données de 6 200 patients extraites de 156 articles scientifiques. L’objectif était d'appréhender la pneumopathie interstitielle induite par le médicament (DIILD), correspondant à l’impact des médicaments courants sur les poumons.
Projet européen
Cette recherche s'insère dans un projet de 24 millions d'euros financé par l'Union européenne et l'Initiative pour des médicaments innovants de l'industrie pharmaceutique européenne. Cette industrie développe des techniques d'imagerie pour la gestion de la pneumopathie interstitielle induite par le médicament.
Selon l'étude, entre 4,1 et 12,4 millions de cas de pneumopathie interstitielle induite par le médicament par an ont été signalés dans le monde entier. Un total qui représente entre 3 et 5% de tous les cas de maladie pulmonaire interstitielle. Dans certaines études analysées, des taux de mortalité supérieurs à 50% ont été rapportés et, globalement, 25% des patients étudiés sont décédés des suites de symptômes respiratoires.
Une découverte à prendre en compte par les médecins
"Nous pouvons affirmer que les effets indésirables des médicaments sur les poumons sont beaucoup plus répandus que prévu", a conclu John Waterton, professeur à l'Université de Manchester, et membre de l'équipe de recherche.
"Nous savons que cela affecte un nombre considérable de personnes, c'est pourquoi nous souhaitons développer de meilleurs tests d'imagerie afin de détecter tout problème pulmonaire avant qu'il ne s’aggrave", a-t-il poursuivi.
Bien évaluer le risque sur le poumon
Pour les chercheurs, cette découverte se veut une invitation pour les médecins à être attentif aux effets de ces médicaments sur le système pulmonaire des patients. "Les médecins doivent être conscients et vigilants quant aux effets toxiques sur les poumons et aux effets néfastes pouvant être causés par certains médicaments", explique le Docteur Nazia Chaudhuri, professeur à l'Université de Manchester et médecin.
"Avec l’arrivée de nouveaux médicaments sur le marché, il s’agit d’un problème de plus en plus reconnu et nous avons besoin de meilleures méthodes pour détecter les effets avant qu'ils ne causent des dommages."