Le sang de donneurs jeunes et en bonne santé permettra-t-il d’améliorer la vie des malades d’Alzheimer ? C’est ce que laisse espérer une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Stanford, aux États-Unis, et publiée dans la revue JAMA Neurology.
Intitulé PLASMA (Plasma pour l’amélioration des symptômes de la maladie d’Alzheimer), cet essai clinique randomisé a été réalisé auprès de personnes âgées de 50 à 90 ans et atteintes d’une forme légère à modérée de la maladie d’Alzheimer. Il a été démontré que l’injection hebdomadaire de plasma sanguin issu de donneurs masculins jeunes et en bonne santé augmentait de manière significative les capacités fonctionnelles des malades : ils arrivaient notamment à effectuer des tâches quotidiennes qu’ils n’arrivaient jusqu’ici plus à réaliser seuls, comme cuisiner et voyager.
Une étude en cross over
L’essai, de petite taille, a été mené auprès de deux groupes de malades : un groupe croisé à double insu de 9 patients et en un groupe ouvert de 9 patients, qui ont tous reçu 4 perfusions hebdomadaires de plasma frais congelé (PFC) provenant de donneurs masculins en bonne santé et âgés de 18 à 30 ans, et un placebo (solution saline). Ni les participants ni ceux qui administraient les perfusions ne savaient laquelle des deux perfusions allait recevoir les participants. Puis, après une période de "wash out" de six semaines, les 2 traitements testés ont été inversés : les patients recevant initialement du plasma ont reçu quatre perfusions hebdomadaires de placebo, et inversement.
Les participants à l’étude se sont aussi pliés à plusieurs tests et questionnaires visant à déterminer leur humeur, leurs capacités cognitives et fonctionnelles, réalisés avant et après chaque perfusion.
Une amélioration des capacités fonctionnelles
Les résultats recueillis sont surprenants : si aucun changement significatif dans l’humeur ou la performance aux tests de cognition (mémorisation de listes, rappel d’évènements récents) n’a été constaté, les participants ont montré une amélioration statistiquement significative de leurs capacités fonctionnelles.
"Notre enthousiasme concernant ces conclusions doit être tempéré par le fait qu'il s'agissait d'un petit essai", précise le Pr Sharon Sha, co-responsable clinique du Centre de recherche sur la maladie d'Alzheimer de Stanford et directrice médicale du groupe d'essais cliniques de Neuroscience de Stanford. "Mais ces résultats méritent certainement d'être approfondis."
Un traitement "sûr, bien toléré et réalisable"
Surtout, indique la chercheuse, ce traitement n’entraîne a priori aucun effet indésirable grave, ce qui fait de la perfusion de plasma frais congelé un traitement "sûr, bien toléré et réalisable". De précédentes études utilisant le plasma frais congelé avaient déjà montré une amélioration de la mémoire et de la plasticité synaptique chez les souris âgées. D’où son grand intérêt pour rétablir les fonctions cognitives de patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
Désormais, les chercheurs souhaitent réaliser une "une exploration approfondie dans le cadre d'essais cliniques à double insu plus vastes, qui utilisent des mesures conçues pour détecter les changements dans le délai de traitement et permettent de déterminer l'efficacité". "Le nombre croissant de patients atteints de la maladie d'Alzheimer justifie la poursuite de traitements permettant d'améliorer ou de maintenir la fonction cognitive", conclut le Dr Sha.
En France, près de 900 000 personnes sont touchées par cette maladie neurodégénérative.