Touchant majoritairement les enfants, l’allergie au blé et au gluten est l’une des allergies alimentaires les plus courantes, mais aussi l’une des plus difficiles à vivre au quotidien. Et pour cause : le blé est l’un des composants que l’on retrouve le plus dans nos aliments. Du pain aux biscuits, en passant par les pâtes, il est aussi utilisé comme agent liant dans des aliments plus surprenants, comme la charcuterie et les glaces.
D’où la difficulté, pour les personnes allergiques au blé, de parfois réussir à trouver dans le commerce des aliments transformés exempts de toute tracé de blé ou encore d’aller dîner sans crainte au restaurant.
Désensibilisation possible
Il existe pourtant peut-être une solution : l’immunothérapie orale (ITO). Celle-ci consiste à l’ingestion directe de l’aliment mesuré de façon précise et à très petites dose, en-deçà du seuil de réactivité du patient. Il faut ensuite augmenter très progressivement les doses jusqu’à atteindre une portion normale de l’aliment. Non seulement l’immunothérapie orale permet de protéger des réactions allergiques en cas de contacts accidentels avec l’aliment, mais il permet également de réintégrer l’aliment dans la diète normale, voire de résoudre l’allergie de façon définitive.
Déjà pratiquée par certains allergologues, l’immunothérapie orale vient de faire l’objet d’un premier essai clinique multicentrique. Publié dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology et mené par des chercheurs du Jaffe Food Allergy Institute du Mount Sinai Hospital, à New York, il démontre l’efficacité de cette pratique chez les enfants allergiques au blé.
Un enfant allergique sur deux désensibilisé
Les chercheurs du Jaffe Food Allergy Institute ont recruté 46 jeunes patients allergiques au blé avec un âge médian de 8,7 ans afin de déterminer l'efficacité et la sécurité de l'immunothérapie orale du blé.
Les réactions allergiques du blé sont dues à la présence de protéines. Ce qui signifie qu’il faut une dose suffisante de protéines pour tester l’efficacité de l’immunothérapie orale. "Le blé contient des quantités relativement faibles de protéines par rapport à l'arachide ou au lait, ce qui rend l'étude un peu plus ardue", explique le Dr Anna Nowak-Wegrzyn, principale auteure de l’étude. "En conséquence, nos jeunes patients ont dû consommer de grandes quantités de farine de blé pour ingérer des doses croissantes de protéines."
Des doses croissantes
Ils ont d’abord reçu une quantité infime de l’allergène, qui a été progressivement augmentée pour les désensibiliser à la substance. Au bout de 52 semaines de traitement, 52% des enfants allergiques au blé inscrits à l'étude ont été en mesure de consommer une dose cumulée de 4 443 mg de protéines de blé, soit environ l'équivalent d'une à deux tranches de pain, d'un pain à hamburger, d’une dose de pâtes cuites ou d'un demi pain et ce, sans rencontrer d’effet indésirable.
"Globalement, nous avons été très satisfaits de l'efficacité et de la sécurité de l'immunothérapie orale au blé chez les patients hautement allergiques", a déclaré le Dr Nowak-Wegrzyn. "Nous attendons avec intérêt de nouvelles études pour établir la dose d'entretien optimale et la durée de l'immunothérapie orale pour nos jeunes patients."