Après Octobre Rose, dédié à la santé de la femme et plus précisément à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein, le mois de novembre est, lui, consacré à la santé des hommes. Une sensibilisation qui porte un nom, Movember, et une distinction, la moustache.
L’âge du père compte
Bien que les hommes vivent en moyenne moins longtemps que les femmes (6 ans d’écart), ils deviennent pères de plus en plus tardivement. Aux États-Unis, le pourcentage des naissances avec un père âgé de plus de 40 ans a doublé depuis 1970, pour atteindre 9%. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé du futur bébé, comme le révèle une étude menée par des chercheurs de l’Université de Stanford en Californie et publiée dans le British Medical Journal.
Pendant longtemps, les femmes ont été encouragées à ne pas différer la maternité au-delà de la quarantaine en raison des risques encourus pour elles-mêmes et leurs bébés. Mais il semble que l'âge du père ait également un impact sur la santé de l’enfant.
La santé du nouveau-né plus fragile quand l’âge du père est avancé
Pour leur étude, les chercheurs ont analysé les données des 40 529 905 naissances survenues aux États-Unis entre 2007 et 2016 afin d’examiner l’impact de l’âge du père sur la santé du nourrisson. Ils ont constaté que plus l’âge du père est élevé plus les risques pour la santé du nouveau-né augmentent : naissance prématurée, faible poids ou santé fragile à la naissance.
Après la prise en compte d’autres paramètres (âge de la mère, tabagisme maternel, éducation et nombre de visites prénatales), les enfants de pères âgés de 45 ans ou plus sont nés légèrement plus plus tôt et leur probabilité d'être prématuré (moins de 37 semaines) est 14% plus élevée par rapport à ceux dont le père était âgé de 25 à 34 ans.
Des risques à prendre en compte avant de fonder une famille
De plus, les enfants de pères âgés de 45 ans et plus sont nés avec 20,2 g de moins et présentent un risque d'insuffisance pondérale (moins de 2500 g) à la naissance 14% plus élevé que les nourrissons de pères plus jeunes. Ils ont également 14% plus de chances d'être admis dans une unité de soins intensifs néonatals et 18% plus de risques de crises d'épilepsie que les enfants de pères âgés de 25 à 34 ans. Les enfants dont le père est âgé de plus de 55 ans, ont souvent de moins bons résultats au test Apgar, utilisé pour évaluer rapidement l'état de santé d'un enfant à la naissance.
"Les risques associés à la progression de l'âge paternel devraient être pris en compte dans la décision d’avoir un enfant ainsi que dans les conseils données aux familles en matière de procréation", écrivent les auteurs de l’étude.
Des conséquences également chez la femme enceinte
Par ailleurs, le risque de diabète gestationnel chez les femmes enceintes augmente en fonction de l'âge du père. Les femmes enceintes d'un homme de 55 ans ou plus présentent une probabilité 34% supérieure de contracter un diabète gestationnel. De plus, environ un cas de diabète gestationnel sur cinq (18%) est dû à l’âge avancé du père. Ils suggèrent que des modifications du sperme d'hommes âgés pourraient expliquer ces résultats.
Cependant, les chercheurs soulignent qu'il s'agit d'une étude d’observation. Ainsi, aucune conclusion définitive ne peut être tirée sur les causes et les effets. Ils ajoutent que l’on ne peut exclure la possibilité que certains effets non mesurés des pères âgés associés à des mères plus âgées peuvent exister. Pour autant, cette étude souligne la nécessaire prise en compte du facteur de l’âge du père dans les soins de préconception et la nécessité d'enquêter davantage sur les implications pour la santé publique de la hausse de l'âge paternel.