Scientifiquement validé par l’Organisation mondiale de la santé, l’indice de masse corporelle (IMC) permet d’évaluer la corpulence d’un individu en fonction de sa taille, de son poids, peu importe son sexe. Permettant de déterminer si l’on est en situation de maigreur, de surpoids ou d’obésité, il est aussi un indicateur fiable de santé et même d’espérance de vie.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude publiée dans The Lancet Diabetes and Endocrinology et menée par des scientifiques de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Selon ses auteurs, les personnes de plus de 40 ans ayant un IMC dans le haut de la norme (entre 22 et 25) et étant en bonne santé avaient un risque plus faible de morbidité prématurée.
"L'IMC est un indicateur clé de la santé. Nous savons que l'IMC est lié au risque de décès, mais étonnamment peu de recherches ont été menées sur les liens avec les décès dus à des causes spécifiques", explique Krishnan Bhaskaran, professeur d'épidémiologie statistique et auteur principal de l’étude. "Nous avons comblé cette lacune dans les connaissances pour aider les chercheurs, les patients et les médecins à mieux comprendre comment un poids insuffisant et un excès de poids pourraient être associés à des maladies telles que le cancer, les maladies respiratoires et les maladies du foie."
Cancers et maladies cardiovasculaires
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 1,7 million de personnes et de 367 512 décès, recueillies auprès de médecins britanniques. Elles ont montré que l’obésité (IMC de 30 ou plus) était liée à une prévalence accrue de deux causes principales de décès : les maladies cardiaques et le cancer.
"Un IMC supérieur à 25, la limite supérieure de la santé, est lié à la plupart des cancers, à la plupart des maladies cardiovasculaires, aux maladies respiratoires et aux affections du foie et des reins", affirme le Pr Bhaskaran. L’insuffisance pondérale est aussi liée à "un large éventail de causes de décès", comme la démence, la maladie d’Alzheimer, les maladies cardiovasculaires et le suicide. Toutefois, précise l’épidémiologiste, les liens entre un faible IMC et les causes de décès sont plus "observatifs" : il est en effet plus difficile de savoir si un faible poids est la cause directe de la maladie ou plutôt un marqueur de mauvaise santé.
Un risque de morbidité accru
Il résulte aussi que les personnes en surcharge pondérale ou en surpoids ont une espérance de vie plus courte : 4,2 ans plus courte chez les hommes obèses, 3,5 ans plus courte chez les femmes obèses. Et 4,3 ans de moins pour les hommes de poids insuffisant et 4,5 ans pour les femmes de poids insuffisant.
Les résultats ont en particulier mis en évidence que le risque de mortalité cardiovasculaire le plus faible était lié à un IMC de 25 kg/m2, chaque tranche supplémentaire de 5 kg/m2 étant associée à un risque de morbidité accru de 29%. Le risque de décès par cancer le plus faible correspondait à un IMC de 21 kg/m2, chaque tranche supplémentaire de 5 kg/m2 étant associée à un risque de décès accru de 13%.
Toutefois, les chercheurs concèdent qu’il existe des limites à ces travaux, notamment un manque d’informations sur le régime alimentaire suivi ou le niveau d’activité physique des personnes impliquées, ainsi que l’impact que ces facteurs peuvent avoir sur la morbidité.