C’est une étape importante qui vient d’être franchie dans la lutte contre l’endométriose. Des chercheurs des universités Keio (Tokyo) et Northwestern (Chicago) sont parvenus développer in vitro des cellules fonctionnelles de l’endomètre, qui pourraient remplacer le tissu dysfonctionnel de l’utérus. Ces travaux, publiés récemment dans la revue Stem Cell Reports, pourraient à terme déboucher sur une thérapie cellulaire de l’endométriose.
L’endométriose est une maladie qui touche environ une femme sur dix. Chez les femmes atteintes, la paroi de l’utérus – l’endomètre – connaît un développement anormal et peut même envahir partiellement les tissus environnants. Il en résulte des douleurs aiguës dans le ventre ou le bas-ventre, notamment au moment des règles, et d’éventuels problèmes de fertilité.
Inflammation chronique de l’utérus
L’origine de la maladie reste débattue, mais on note que certaines cellules de l’endomètre (les fibroblastes du stroma endométrial) présentent des mutations qui les rendent dysfonctionnelles. Au lieu d’évoluer normalement au cours du cycle hormonal – en se transformant sous l’influence de la progestérone afin d’épaissir l’endomètre –, elles semblent provoquer une inflammation chronique.
D’où l’idée consistant à « régénérer » ce tissu dysfonctionnel chez les femmes atteintes d’endométriose. Cette stratégie, dite de médecine régénérative, est à l’étude dans de nombreuses maladies mais reste encore très expérimentale. Une chose est sûre : elle nécessite de savoir cultiver les cellules appropriées en laboratoire. Un processus long et complexe, qui vient d’être franchi pour l’endométriose.
Prémisse de thérapie cellulaire
Pour cela, les chercheurs ont eu recours à des cellules pluripotentes induites (IPS), un procédé qui consiste à reprogrammer des cellules (de moelle osseuse, en l’occurrence) afin de leur rendre la capacité de se différencier en n’importe quelle cellule de l’organisme. À partir de ces cellules IPS, ils ont surtout réussi à produire en laboratoire des cellules fonctionnelles de stroma endométrial. Celles-là même qui, lorsqu’elles réagissent de façon anormale, jouent un rôle crucial dans l’endométriose.
"C’est énorme. Nous avons ouvert la voie à un traitement de l’endométriose", estime Serdar Bulun (université de Northwestern), professeur de gynécologie-obstétrique et auteur sénior de l’étude. Comment souvent en médecine, il y a loin du laboratoire au traitement clinique. Mais en ciblant un mécanisme au cœur de la maladie, cette avancée offre l’espoir d’un traitement réellement efficace pour l’endométriose dans les années à venir.