Peau sèche et irritée, plaques rouges, démangeaisons… Les symptômes de la dermatite atopique, aussi connus sous le nom d’eczéma allergique, sont bien connus. Et pour cause : cette maladie inflammatoire de la peau, qui évolue par poussées, est de plus en plus répandue dans les pays industrialisés, notamment auprès des jeunes enfants et des nourrissons.
Comment l’expliquer ? Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université d’Oslo, en Norvège, et publiée sur le portail JAMA, s’est justement intéressé aux facteurs de l'incidence croissante de la dermatite atopique chez les enfants, en particulier chez les moins d’un an.
Qu’est-ce que la dermatite atopique ?
La dermatite atopique est une affection cutanée inflammatoire chronique et prurigineuse fréquente qui affecte les enfants et les adultes du monde entier. Caractérisée par des périodes de crises, où les plaques apparaissent d’un coup, et des périodes d’accalmie, cette maladie de peau s’observe le plus souvent dès l’enfance, et plus particulièrement chez les enfants qui présentent des prédispositions génétiques.
Il s’agit de l’affection cutanée la plus fréquente chez les enfants, 15 % d’entre eux sont concerné et environ 80% des personnes souffrant de dermatite atopique développent la maladie avant l’âge de 5 ans.
Augmentation constante des eczémas chez les enfants
Depuis les années 50, les médecins ont constaté une augmentation du nombre de cas de dermatite atopique dans les pays développés, et notamment dans les populations urbaines. Pour comprendre pourquoi, l’équipe de chercheurs dirigée par le Dr Cathrine H. Mohn a passé au crible 295 286 prescriptions médicales délivrées entre 2009 et 2015 pour soigner la dermatite atopique d’enfants norvégiens âgés de 0 à 6 ans.
Ils ont par la suite calculé le taux d’incidence en fonction du sexe, de l’âge, de l’année civile et des interactions, ainsi que le taux d’incidence en fonction des saisons.
Les scientifiques ont alors pu constater qu’à l’exception de l’année 2010, le taux d’incidence des dermatites atopiques a augmenté de façon constante. Le taux d'incidence global de la dermatite atopique est passé de 0,028 par année-personne en 2009 à 0,034 par année-personne en 2014. Et, chez les enfants de moins d'un an, le taux d'incidence est passé de 0,052 par année-personne en 2009 à 0,073 par année-personne en 2014. Soit, entre 2009 et 2014, une augmentation de 16,8% des eczémas allergiques chez l’enfant.
Plus de cas de dermatite au printemps et en hiver
D’après le Dr Mohn et ses collègues, cette augmentation rapide du taux d'incidence de la dermatite atopique peut s’expliquer par des facteurs environnementaux et des modes de vie chez les individus génétiquement prédisposés.
Parmi eux, la saisonnalité et le climat semblent jouer un rôle déterminant. Ce sont en effet au printemps et en hiver que les cas d’eczéma du nourrisson sont les plus nombreux. Au printemps, ce sont les pollens en suspension dans l’atmosphère qui sont à blâmer. Les chercheurs admettent toutefois qu’il n’existe "pas encore d’explications claires quant au pic saisonnier du taux d’incidence pendant l’hiver". Ils avancent toutefois que le froid peut altérer la barrière cutanée.
Plusieurs facteurs environnementaux supplémentaires pourraient expliquer l’augmentation de l’incidence de la dermatite atopique chez les enfants, notamment ceux vivant dans les zones urbaines : la pollution de l’air et la proximité du trafic routier. L'augmentation de la dureté de l'eau, l'exposition à la fumée du tabac et le stress psychologique sont aussi mis en cause. En étant en contact avec des animaux de la ferme et aux microbes qui leur sont associés, les enfants vivant dans des zones rurales bénéficient quant à eux d’une meilleure éducation de leur système immunitaire inné (la première ligne de défense de l'organisme) et donc d'une protection contre des réponses immunitaires anormales provoquant l’eczéma atopique.
Les savons et lotions détergentes mis en cause
Enfin, l'excès d'hygiène et les pratiques de soin de la peau chez les enfants pourraient constituer un facteur environnemental souvent négligé pouvant influer sur le risque de dermatite atopique. L’utilisation excessive de savons et de lotions détergentes peuvent favoriser l’inflammation de la peau en abîmant la barrière cutanée des personnes génétiquement prédisposées.
Les chercheurs expliquent que des précisions supplémentaires sur les facteurs prédictifs du risque sont désormais nécessaires pour réduire le risque de développement de la dermatite atopique chez les enfants.