Les psychiatres associent de plus en plus la mirtazapine à un ISRS (inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine) ou à un IRSN (inhibiteur du recaptage de la sérotonine-noradrénaline) pour les malades dont la dépression ne répond pas à un seul antidépresseur.
Pourtant, un vaste essai clinique publié dans le British Medical Journal montre que cette combinaison n'est pas plus efficace que le traitement par un seul antidépresseur pour traiter la dépression résistante, et demandent aux médecins de repenser cette stratégie.
Mirtazapine ou placebo
L'étude a également révélé que les patients prenant de la mirtazapine en association avec un autre antidépresseur avaient plus d'effets indésirables et étaient plus susceptibles d'arrêter le traitement que ceux qui prenaient seulement un antidépresseur et un placebo.
"Notre étude a révélé qu'il est peu probable que la mirtazapine présente un avantage cliniquement important par rapport au placebo en plus d'un antidépresseur ISRS ou ISRSNA chez les patients en soins primaires souffrant de dépression résistante au traitement et que l'association n'est pas bien tolérée", indiquent les chercheurs.
"Nous recommandons de bien réfléchir avant d'ajouter la mirtazapine comme deuxième antidépresseur dans ce cas précis. Ceci est particulièrement important lorsqu'il existe des alternatives claires telles que la thérapie cognitivo-comportementale, qui s'est avérée efficace pour ce type de patients", ajoutent-ils.
15 à 30% des cas
Tous les patients de la cohorte étaient âgés de plus de 17 ans, prenaient un ISRS ou un antidépresseur ISRSNA depuis au moins six semaines et étaient encore déprimés. Après avoir pris un placebo ou un antidépresseur supplémentaire, leur état a été évalué à 12, 24 et 52 semaines.
La dépression est la maladie psychiatrique la plus fréquente et touche tous les âges. Dans 15 à 30% des cas, les stratégies thérapeutiques standards proposées restent inefficaces. On parle alors de "dépression résistante". Il est probable que la dépression résistante fasse intervenir d'autres mécanismes que le simple dysfonctionnement des neurotransmetteurs dans le cerveau. Certaines études font état d'une inflammation du cerveau qui impliquerait d'autres cellules du cerveau et en particulier certaines des cellules gliales qui entourent les cellules nerveuses
La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté de 1,8 points
En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté de 1,8 points entre 2010 et 2017, selon un récent rapport de Santé Publique France, notamment chez les femmes (+3 points), les 35-44 ans (+4 points), les chômeurs (+5 points) et les personnes à faibles revenus (+3 points).
En 2017, parmi les personnes âgées de 18 à 75 ans, la prévalence de la dépression était estimée à 9,8% et était deux fois plus élevée chez les femmes (13,0%) que chez les hommes (6,4%). Elle apparaissait la plus élevée entre 18 et 44 ans (environ 11,5%) puis diminuait de façon linéaire à partir de 45 ans. Chez les hommes, la prévalence était maximale entre 18 et 34 ans et chez les femmes entre 35 et 44 ans. Les individus avec un statut socio-économique défavorisé présenteraient un risque 1,8 fois plus important de faire une dépression que ceux venant d’un milieu favorisé. Les événements de vie comme les ruptures affectives (divorce, veuvage) accroîtraient aussi les risques.