« Stop aux diktats ». C'est le thème et le mot d'ordre lancé par le Collectif national des associations d'obèses (CNAO) à l'occasion de la journée européenne de l'obésité qui se déroule les 24 et 25 mai dans toute la France. En effet, depuis plusieurs années, cette épidémie mondiale du XXIe siècle (la moitié de la population américaine sera en surpoids à l'horizon 2030) gagne aussi du terrain en France.
Selon la dernière enquête nationale ObEpi Roche réalisée début 2012 auprès de 25 000 personnes âgées de plus de dix-huit ans, l'obésité continue de toucher près de 7 millions de Français, soit 3,3 millions de plus qu'il y quinze ans avec un poids moyen qui a augmenté de 3,6 kg. Et aussi avec un pic chez les 18-24 ans qui enregistrent un bond de +35% d'obèses entre 2009 et 2012. La malbouffe est sans aucun doute passée par là. Plateaux repas devant la télé, grignotage pour compenser l'absence d'un vrai déjeuner, excès de soda, sédentarité et allergie aux activités sportives, « tous ces comportements sont devenus monnaie courante pour de nombreux Français », souligne le Cnao.
Et pour le collectif, le problème est d'autant plus dur à gérer du côté des malades qu'un véritable diktat de la minceur s'est instauré dans la société. Les personnes en surpoids, confient « un mal-être et un rejet de soi-même » raconte Anne-Sophy Joly, présidente du CNAO. C'est pourquoi le but de cette journée sera également de « déculpabiliser ces personnes là, » lance-t-elle.
Ecoutez Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses : « il y a une pression sociétale énorme, avec des photos de magazine retouchées qui ne correspondent absolument pas à la réalité du terrain. La moyenne de la taille en France pour les femmes est entre le 44 et le 46 »
Ainsi, pour tenter de remédier à ce véritable fléau, une trentaine d'établissements hospitaliers participent à cette journée européenne. Ils proposent un dépistage complet et gratuit : poids, tour de taille, diabète, hypertension. L'objectif est d'informer les patients, de les orienter, mais aussi de les rassurer s'ils sont dans la norme. Mais cette Journée souhaite également apporter un peu de légèreté dans l'approche de cette pathologie considérée comme une maladie et non comme une fatalité. C'est pourquoi des ateliers spéciaux seront mis en place par les établissements hospitaliers du Nord-Pas-de Calais (cuisine, relooking, conférences, pratiques artistiques), et qu'un stand dégustation animé par un grand chef de la cuisine française se tiendra à St-Denis. Le message est clair pour le Cnao : « Halte aux effets pervers des régimes, haro sur les discriminations sociales, scolaires et professionnelles et stop aux canons de la minceur. On peut vivre heureux avec ses rondeurs ». Et pour le faire passer lors de cette journée européenne, le Collectif a fait appel à de nombreux professionnels de la santé mais aussi de la cuisine.
Ecoutez Anne-Sophie Joly: « Vous avez de la sophrologie, une diététicienne, et un psychologue qui sont là pour accompagner. Pour les enfants, des cours d'éducation alimentaire seront dispensés dans les écoles. Le programme est mutiple et varié ».
Et l'apprentissage du goût chez les enfants, quel que soit leur poids, ne sera pas du luxe. En effet, comme l'a révélé récemment une étude de l’association Santé Environnement France, 87 % des enfants ne savent pas ce qu’est une betterave et un sur trois ne connaît ni les poireaux, ni les courgettes…