120 000 personnes sont victimes d’un infarctus chaque année en France et 18 000 en décèdent. Dans l’année qui suit, un patient sur sept a un risque de récidive, d’après une étude publiée dans le Journal of the American Heart Association. Pour le réduire, il faut diminuer les risques cardio-vasculaires, et en particulier le taux de cholestérol.
Une étude parue récemment dans le New England Journal of Medicine montre qu’en baissant le taux de cholestérol au-delà des seuils recommandés, grâce à des anticorps anti-PCSK9 en sus du traitement par les statines, le risque de récidive diminue significativement.
Un risque réduit de 15 % en plus
Cette vaste étude de l’université de médecine du Colorado Anschutz a été réalisée sur 18 924 patients avec des antécédents d'infarctus du myocarde. Pendant trois ans, en sus du traitement par les statines, une partie d’entre eux a reçu un traitement à base d’anti-PCSK9, l’alirocumab, toutes les deux semaines, l’autre partie du groupe prenait un placebo.
Actuellement, le niveau de cholestérol recommandé pour réduire le risque de récidive est de 70 mg par décilitre. Après le traitement par anti-PCSK9, les malades avaient un taux de cholestérol compris entre 40 et 66 mg par décilitre, pour ceux qui avaient reçu le placebo, il était entre 93 et 103 mg par décilitre.
Pour les malades ayant reçu l'anti-PCSK9, le risque de récidive, de décès par maladie coronarienne, ou d’angine de poitrine instable était réduit de 15 % en comparaison aux autres.
Un traitement additionnel
Ces patients prenaient tous auparavant des statines, le traitement classique du cholestérol, mais malgré les fortes doses, il ne permettait le plus souvent pas d'abaisser le taux de LDL-cholestérol à 0,70 grammes par litres. "Les statines sont le principal traitement d'abaissement du taux de cholestérol pour les patients cardiaques depuis plus de 30 ans, et ils sont très efficaces", explique Gregory Schwartz, le co-auteur de l’étude.
"Maintenant, nous savons que nous pouvons améliorer les résultats après une attaque cardiaque en ajoutant de l’alirocumab aux statines". Mais ces traitements présentent un inconvénient : leur prix. Ils demeurent aujourd’hui très chers en comparaison aux médicaments classiques.
Un choix cornélien
C'est la deuxième étude avec un deuxième anticorps anti-PCSK9 qui démontre un bénéfice significatif sur le risque de récidive d'infarctus et de décès cardiovasculaire. Elle confirme l'intérêt d'abaisser les objectifs de LDL-cholestérol en prévention secondaire en-dessous de 0,70 grammes par litre. Il y a même un bénéfice sur la régression des plaques d'athérosclérose dans les coronaires. Ce traitement est bien toléré et les inquiétudes initiales vis-à-vis de taux aussi bas sur la santé du cerveau (qui est une grosse boule de graisse) ne sont pas confirmées dans ces études ni dans celles (en cours) sur le suivi prolongé de ces malades.
Est-ce, pour autant, que les recommandations vont changer ? Pas sûr, car ces produits sont chers et ils concernent une large population de malades. Les autorités de santé dans tous les pays font donc tout ce qu'elles peuvent pour retarder ce type de remboursement. C'est un choix de société qui mérite débat.
En France, 75 % des hommes de plus de 55 ans ont un taux de cholestérol trop élevé, et 60 % des femmes, seulement la moitié d’entre eux est traitée.