Une augmentation du risque de survenue d'anévrisme et de dissections aortiques après traitement par des fluoroquinolnes (ciprofloxacine, lévofloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine) vient d’être clairement identifiée. "Ainsi, chez les patients présentant un risque de survenue d'anévrisme et de dissection aortique, les fluoroquinolones ne doivent être utilisées qu'après une évaluation attentive du rapport bénéfice/risque et après prise en compte des alternatives thérapeutiques", indique l’ANSM.
L'aorte est la plus grosse artère de l'organisme. Quand elle se rompt, on parle d’anévrisme de l’aorte. Non pris en charge, les patients n'ont aucune chance de s'en sortir.
"Les patients doivent être informés du risque d'anévrisme et de dissection aortiques. Ils doivent être avertis de la nécessité d’une prise en charge immédiate par un médecin au sein d’un service d’urgence en cas d’apparition brutale d’une douleur intense abdominale, thoracique ou dorsale", poursuit l’agence du médicament.
Traiter des infections bactériennes
Les quinolones et les fluoroquinolones sont des antibiotiques administrés par voie systémique (forme injectable ou orale) ou par voie inhalée. Ils sont utilisés pour traiter des infections bactériennes au cours desquelles le pronostic vital peut être engagé.
Les facteurs prédisposant à la survenue d’un anévrisme et d’une dissection aortique comprennent les antécédents familiaux d’anévrisme, la préexistence d’un anévrisme ou d’une dissection aortique, le syndrome de Marfan, le syndrome vasculaire d’Ehlers-Danlos, l’artérite de Takayasu, l’artérite à cellules géantes (ou maladie de Horton), la maladie de Behçet, l’hypertension artérielle et l’athérosclérose.
De nombreux professionnels de santé concernés
De nombreux professionnels de santé sont concernés par ces nouvelles recommandations : médecins généralistes, cardiologues, médecins internistes, infectiologues, pneumologues, ORL, pédiatres, gastro-entérologues, dermatologues, gynécologues, néphrologues, urologues, réanimateurs, gériatres, radiologues, urgentistes, pharmaciens d’officine et pharmaciens hospitaliers.
Deux études ont motivé la décision de l’ANSM
En mars et juillet dernier, deux études ont motivé la décision de l’ANSM. La première, parue dans le BMJ, a comparé les événements indésirables associés à 360 088 prescriptions de fluoroquinolones (de la ciprofloxacine dans 78% des cas) à ceux associés à 360 088 prescriptions d'amoxicilline. Résultat : au cours des 60 jours qui suivaient la prise de l'antibiotique, le taux d'anévrisme ou de dissection aortique augmentait de 66% avec les fluoroquinolones.
La seconde, publiée dans le JAMA, indiquait par ailleurs que "la ciprofloxacine augmentait significativement l'incidence de dissection et de rupture de l'aorte chez un modèle murin d'anévrisme aortique modéré et sporadique et de dissection. Chez ces souris, la ciprofloxacine a diminué l'expression et l'activité de la lysyl oxydase et augmenté la fragmentation des fibres élastiques et les lésions cellulaires, ce qui peut contribuer à une sensibilité accrue à la destruction aortique induite par le stress."