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Plébiscite

Homéopathie : 4 Français sur 5 favorables à son remboursement

Par Charlotte Arce

Selon un sondage Ipsos pour "Le Parisien", l’homéopathie continue de séduire une majorité de Français, et ce malgré la polémique autour de son efficacité. 74% des sondés sont ainsi opposés à son déremboursement.

LuCaAr/iStock

La controverse autour des médicaments homéopathiques n’est pas près de s’essouffler. Alors que les professionnels de santé s’écharpent depuis des mois autour de l’efficacité de ces petits granules de sucre et que l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) est attendu pour maintenir ou non leur remboursement, Le Parisien relance le débat.

Dans l’édition datée de ce vendredi 9 novembre 2018, le quotidien publie en exclusivité les résultats d’un sondage Ipsos réalisé auprès de 2 000 personnes.

Le remboursement plébiscité

Ses résultats sont sans appel : 70% des Français interrogés déclarent avoir recours à l’homéopathie aux premiers symptômes de la maladie. Ils sont 74% à juger les médicaments homéopathiques efficaces et tout autant à s’opposer à leur déremboursement, assuré actuellement à haute de 30% par l’Assurance maladie. Ils sont par ailleurs 83% à estimer légitime qu’un médecin les prescrive en complément d’un médicament conventionnel.

"Il est clair que l’arrêt de n’importe quel remboursement génère une opposition de l’opinion mais celle-ci est tout de même à mettre en relation avec les bénéfices dont les Français disent tirer de l’homéopathie, qui a un véritable ancrage dans leur pratique de soins", analyse Luc Barthélémy, directeur santé d’Ipsos cité par Le Parisien.

Féroce débat entre "pro" et "anti" homéopathie

Ce plébiscite unanime des patients pour l’homéopathie intervient alors que son remboursement est de plus en plus contesté. En mars dernier, 124 professionnels de santé signaient une tribune au vitriol dans Le Figaro pour dénoncer l’efficacité des médecines douces telles que l’homéopathie, jugée "coûteuse pour les services publics" et basée "sur des croyances promettant une guérison miraculeuse et sans risques".

"Face à des pratiques de plus en plus nombreuses et ésotériques, et à la défiance grandissante du public vis-à-vis de la médecine scientifique, nous nous devions de réagir avec force et vigueur", écrivaient alors les signataires, qui réclamaient des mesures pour ne plus reconnaître ces pratiques, ne plus les enseigner et obliger les professionnels de santé à s’en écarter.

En août, c’était au tour de la Haute Autorité de santé de s’immiscer dans le débat. L’autorité indépendante en charge de l’évaluation des médicaments a été saisie par le ministère de la Santé pour évaluer l’efficacité de l’homéopathie et le bien-fondé de son remboursement. Et rien ne sembler joué pour les défenseurs des médicaments homéopathies. En effet, dans ses avis rendus en juin, la Commission de la transparence de la HAS s’est dite étonnée "du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques à nom commun comte tenu du taux de remboursement à 30%, voire à 15%, de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité".

Une vérité ou un acharnement

Pour les professionnels de santé pro-homéopathie, ces avis défavorables au remboursement s’apparentent à "un acharnement". "On va finir par envoyer tous les homéopathes sur une plaine gelée de Sibérie !", commente le Dr Mourad Benabdallah, médecin homéopathe dont la pétition a recueilli 33 000 signatures suite à la suspension en septembre du diplôme universitaire d’homéopathie de Lille (Nord). "Cette suppression est le meilleur moyen de jeter l’homéopathie en pâture. Ce n’est bon pour personne et, avant tout, pas pour les malades."

L’avis de la Haute Autorité de santé sur le maintien du remboursement de l’homéopathie est quant à lui attendu pour le mois de février 2019.