20% des adolescents vivent un épisode dépressif, qui les fait souffrir à une période charnière de leur vie, mais qui peut aussi être responsable de nombreux suicides.
Une nouvelle étude publiée dans le JAMA souligne l'effet positif d'une intervention psychothérapeutique en ligne, appelée CATCH-IT, sur la prévention des dépressions chez les adolescents les plus à risque.
Psychothérapie
CATCH-IT est l’acronyme de "Competent Adulthood Transition with Cognitive Behavioral Humanistic and Interpersonal Training". L'intervention comprend 20 modules. Quinze sont destinés aux adolescents ; les cinq autres visent les parents. Basée sur la psychothérapie comportementale, cette psychothérapie en ligne explique par exemple comment échapper aux pensées négatives ou faire face à des situations stressantes. Il y a aussi des entrevues motivationnelles et du coaching.
L'essai clinique multicentrique et randomisé a comparé l'intervention CATCH-IT avec une intervention témoin. L'intervention de contrôle était également dispensée au moyen de modules d'apprentissage en ligne mais consistait en une éducation générale en matière de santé. Plus de 350 adolescents âgés de 13 à 18 ans, issus de zones rurales et urbaines, ont participé à l'essai. Tous avaient des antécédents de dépression ou souffraient de symptômes dépressifs. Les chercheurs les ont suivi pendant deux ans.
Les symptômes les plus graves
Seuls les adolescents aux risques dépressifs élevés ont été les plus sensibles à cette psychothérapie de prévention. Dans ce groupe, les personnes qui ont participé à l'intervention CATCH-IT ont vu leur risque de faire une dépression diminuer jusqu’à 80%.
"Cette étude nous indique que cette intervention en ligne est plus efficace pour les adolescents qui éprouvent les symptômes les plus graves", constate le Dr Benjamin Van Voorhees, directeur de l’étude. En terme de prévention, il faudrait donc "cibler les patients en fonction de la gravité des symptômes et pas seulement des antécédents", estime-t-il. L’idée étant ici d’intervenir le plus tôt possible sur les premiers symptômes, avant que les adolescents ne basculent véritablement dans une dépression avérée (épisode dépressif majeur).
Une personne sur cinq
La dépression est la maladie psychiatrique la plus fréquente et touche tous les âges. En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté de 1,8 points entre 2010 et 2017, selon un récent rapport de Santé Publique France, notamment chez les femmes (+3 points), les 35-44 ans (+4 points), les chômeurs (+5 points) et les personnes à faibles revenus (+3 points).
En 2017, parmi les personnes âgées de 18 à 75 ans, la prévalence de la dépression était estimée à 9,8% et était deux fois plus élevée chez les femmes (13,0%) que chez les hommes (6,4%). Elle apparaissait la plus élevée entre 18 et 44 ans (environ 11,5%) puis diminuait de façon linéaire à partir de 45 ans. Chez les hommes, la prévalence était maximale entre 18 et 34 ans et chez les femmes entre 35 et 44 ans.
Les personnes avec un statut socio-économique défavorisé présenteraient un risque 1,8 fois plus important de faire une dépression que celles venant d’un milieu favorisé. Les événements de vie comme les ruptures affectives (divorce, veuvage) accroîtraient aussi les risques.