La Normandie rejoint les zones surveillées pour tuberculose bovine. Sept nouveaux cas de cette maladie ont fait leur apparition dans la région depuis janvier. Dans le détail, six ont été détectés dans le Calvados et un dans l’Orne, a rapporté Ouest France jeudi 8 novembre. Tous les troupeaux contaminés ont été abattus cet été. " C’est une souche de tuberculose bovine qu’on croyait avoir éradiquée, il y a vingt-cinq ans", s’inquiète Étienne Gavart, directeur du GDS (groupement de défense sanitaire) du Calvados, auprès du quotidien régional.
Extension du domaine de la lutte
Avant la Normandie, la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA) avait déjà établi 64 régions de foyers de tuberculose en France, dont 58 (91%) en Nouvelle-Aquitaine. Des cas avaient également été repérés en Charente, en Charente-Maritime, en Corrèze, en Côte d’Or, en Dordogne, en Haute-Corse, en Haute-Vienne, en Gironde, dans les Landes, dans le Lot-et-Garonne et dans les Pyrénées Atlantiques.
Désormais, face à la recrudescence de cette maladie, le gouvernement veut passer à la vitesse supérieure. Aussi, une vaste campagne de détection a débuté début novembre et se terminera en avril prochain. Elle devrait permettre de tester 51 000 animaux appartenant à 850 élevages dans le Calvados et 50 000 bêtes de 700 élevages dans l’Orne. Bien qu’aucun cas n’y ait encore été détecté, des mesures s’étendront également à la Manche où 35 000 animaux de 419 exploitations agricoles seront dépistés.
La tuberculose animale à l'origine de 2% des cas humains
Dans le Sud-Ouest, particulièrement touché, une surveillance de la faune sauvage, probable réservoir de maladie, avait été instituée en France en 1011. Car l’Hexagone tend bien continuer à pouvoir profiter de son statut "officiellement indemne de tuberculose bovine" pour exporter des bovins. "On ne doit pas dépasser 200 cas positifs par an. Nous en comptons une centaine. On est bien loin des années 60 quand 25 % du cheptel était touché…", explique Étienne Gavart à Ouest France.
Pas d’inquiétude à avoir au niveau de l’infection humaine cependant, étant donné que seuls 2% des cas de tuberculose humaine en France proviennent d’une tuberculose animale. Chez les bovins, l’infection, causée par la bactérie Mycobacterium bovis par la voie respiratoire, est le plus souvent invisible. En effet, les symptômes cliniques apparaissent très tardivement au cours d’une évolution très longue, explique l’Anses sur son site. L’état général de l’animal peut être altéré : il présentera ainsi des signes de maigreur ou une baisse de production. Mais le plus souvent, ce n’est qu’après sa mort que la maladie est identifiée au cours de l’autopsie ou de l’inspection sanitaire.
Près d'un tiers de la population mondiale infectée sans le savoir
Chez l’humain, la tuberculose s’attaque habituellement au poumons mais aussi parfois aux reins, aux ganglions et aux os. Il existe trois formes de tuberculose : la pulmonaire, qui représente 70% des cas, l’extra-pulmonaire qui touche les os, les reins, les ganglions lymphatiques, les méninges ou le système nerveux central et la disséminée ou millaire qui combine les deux autres.
A l’heure actuelle, près d'1/3 de la population mondiale est infectée par la bactérie, le plus souvent sans le savoir car le système immunitaire agit sur l’infection. Les personnes qui ont une infection latente ne présentent donc aucun symptôme et ne sont donc pas contagieuses. En revanche, si leur système immunitaire s’affaiblit, les bactéries pourront se multiplier, provoquant alors la maladie. Mais cela reste très rare puisque d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, seules 5 à 10 % des personnes infectées dans le monde tombent malades.
Ces dernières vivent le plus souvent dans des pays pauvres, la tuberculose survenant surtout dans les milieux où l’on souffre de malnutrition, de mauvaises conditions sanitaires, de surpeuplement et d’un manque de suivi médical. Aussi, les malades sont bien souvent soignés trop tard, ce qui leur coûte la vie. En 2017, 1,6 millions de personnes sont ainsi mortes de la tuberculose. C'est pourquoi fin septembre, les Nations Unies se sont réunies à New York afin de lever 1,3 milliards de dollars dans l'espoir d'éradiquer l'affliction d'ici 2030 et de faciliter l'obtention de médicaments à moindre coûts.