Le procès de Maria-Rosa Da Cruz, mère de la petite Séréna, retrouvée dans le coffre d'une voiture à l'âge de 2 ans en octobre 2013 démarrera ce lundi 12 novembre en assises et se déroulera pendant deux semaines au Palais de Justice de Tulle.
Dans la soirée du 24 novembre 2011, Maria-Rosa Cruz, déjà mère de trois enfants a accouché chez elle seule, sans prévenir personne. Elle a ensuite installé sa fille dans un pièce de la maison "où personne n'allait jamais", a-t-elle confié à nos confrères de l'émission Sept à Huit.
Pendant deux ans, Maria-Rosa Cruz s'est occupée du bébé dans le plus grand secret. Mais le 23 octobre 2013, l'enfant a été retrouvé dans le coffre d'une voiture, dans des conditions d'hygiène et d'alimentation douteuses.
Si l'histoire peut paraître incroyable, Me Chrystèle Chassagne- Deplech, l'avocate de Maria-Rosa Cruz invoque un phénomène tout aussi étonnant, mais bel et bien réel : le déni de grossesse. "On est dans le déni dès lors que cette femme n'a pas eu conscience de son état de grossesse, de l'accouchement non plus. Elle n'a pas fait le choix de garder cette enfant ou de ne pas la garder. Elle n'a pas fait le choix de ce qui lui arrive", explique-t-elle à nos confrères de France 3.
Qu'est-ce qu'un déni de grossesse ?
En France, entre 800 et 2000 femmes sont victimes de déni de grossesse chaque année. Comme le terme l'indique, un déni de grossesse désigne une femme qui n'a pas conscience d'être enceinte. Cet état est d'autant plus difficile à déceler que le corps continue de fonctionner "normalement" : aucun symptôme courant liée à une grossesse comme l'interruption des règles ou les nausées matinales ne survient.
Le fœtus grandit, mais le ventre ne grossit pas. Du moins pas tant que la femme n'est pas au courant de son état. Les coups dans le ventre donnés par le bébé vont en conséquence souvent être pris pour des crampes d'estomac. Aussi étonnant que ce phénomène puisse paraître, il reste très difficile à reconnaître pour les raisons expliquées précédemment. Tant et si bien que l'entourage de la femme concernée ne se rend généralement compte de rien, y compris le ou la partenaire.
Combien de temps ?
Chaque déni de grossesse se déroule de manière spécifique, il n'y a pas donc de durée moyenne établie pour un déni de grossesse. La femme peut ignorer qu'elle est enceinte mais le découvrir avant le premier trimestre de grossesse (on parle alors de déni de grossesse partiel). Mais dans d'autre cas, le déni de grossesse dure neuf mois, jusqu'au jour de la naissance de l'enfant. On parle alors de déni total de grossesse. Certaines femmes accouchent donc littéralement du jour au lendemain et n'ont quelques heures pour se préparer à l'arrivée de leur enfant et réaliser qu'elles vont devenir mères.
Quand la victime n'est pas entourée au moment de l'accouchement (certaines femmes accouchent seules chez elles comme cela a été le cas pour Maria-Rosa Da Cruz), ce choc émotionnel très violent peut se solder par le drame d'un néonaticide. Ce terme est utilisé pour désigner le décès de l'enfant dans les 24 heures qui suivent la naissance, dénouement dramatique qui survient le plus souvent par accident ou par manque de soins. On estime que le néonaticide concerne 10% des issues d'un déni de grossesse.
"Les accouchements parfois dramatiques où la femme est livrée à elle-même avec les douleurs de l'enfantement, et l'enfant peut décéder des conditions de sa naissance", explique à l'agence de presse Relaxnews, Sophie Marinopoulos, auteure de "Elles accouchent mais ne sont pas enceintes - Le déni de grossesse" (2011).
Quelles sont les causes d'un déni de grossesse ?
Classé parmi les troubles de la gestation psychique, le déni de grossesse reste un phénomène mystérieux de la médecine encore mal compris. Toutefois, les femmes qui en sont victimes remplissent des critères particuliers qui peuvent permettre d'émettre des pistes sur les causes possibles d'un déni de grossesse.
"Bien avant le déni de grossesse, il y a un déni de la vie affective, souvent un déni du corps, un corps qui n'est pas bien traité, mal nourri. Elles ont souvent des problèmes de surpoids, un corps psychique oublié, des tendances dépressives", développe Sophie Marinopoulous.
La peur ou l'incertitude de concevoir un enfant et/ou de tomber enceinte, des antécédents familiaux conflictuels non réglés, un traumatisme sexuel ou un rapport compliqué avec son propre corps peuvent faire partie des raisons qui conduisent à un déni de grossesse.