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Risque sanitaire

Pesticides et troubles neurologiques : des chercheurs appellent à leur interdiction immédiate

Par Mathilde Debry

Des chercheurs appellent à l'interdiction immédiate d’insecticides courants : les organophosphorés. Ils exposent les enfants à naître avec un risque élevé de troubles du développement neurologique.

Petmal / istock

Aux Etats-Unis, d'éminents chercheurs appellent à l'interdiction immédiate d’insecticides courants : les organophosphorés. Dès la grossesse, ils exposent les enfants à un risque élevé de troubles du développement neurologique. Leur injonction, adressée au gouvernement, est publiée dans PLOS Medicine.

Ils tuent les parasites en bloquant leur signalisation nerveuse

"Il existe des preuves convaincantes que l'exposition des femmes enceintes à de très faibles niveaux de pesticides organophosphorés est associée à des QI plus faibles et à des difficultés d'apprentissage, de mémorisation ou d'attention chez leurs enfants", s’indigne Irva Hertz-Picciotto, directrice de l’étude et du UC Davis Environmental Health Sciences Center, par ailleurs chercheuse à l'UC Davis MIND Institute. "Bien qu'un seul organophosphoré - le chlorpyrifos - ait été déjà pointé du doigt à l’échelle internationale, notre examen porte sur tous les composés de cette famille de pesticides", ajoute-t-elle.

Développés à l'origine comme gaz neurotoxique à des fins guerrières, les organophosphorés sont aujourd'hui utilisés aux Etats-Unis pour lutter contre les insectes dans les fermes, les terrains de golf, les centres commerciaux et les écoles. Dans l'Hexagone, Santé publique France précisait en 2011 : "bien que les pesticides organophosphorés soient toujours utilisés pour lutter contre les insectes sur de nombreuses cultures vivrières, les utilisations domestiques sont éliminées progressivement." Ils tuent les parasites en bloquant leur signalisation nerveuse.

Les niveaux de consommation considérés comme sûrs ne le sont pas

Les humains peuvent entrer en contact avec ces produits chimiques via les aliments, l'eau et l'air. Par conséquent, les pesticides organophosphorés sont détectés chez la majorité des Américains, et ce même si leur utilisation a été encadrée et limitée ces dernières années. Les niveaux de consommation actuellement considérés comme sûrs ne le sont pas.

"Il n'est pas surprenant que des études confirment que ces substances chimiques modifient le développement du cerveau, puisqu'elles ont été conçues à l'origine pour nuire au système nerveux central", déduit Irva Hertz-Picciotto. Les expositions chroniques à faible intensité sur le fonctionnement du cerveau persistent pendant l'enfance et l'adolescence et peuvent durer toute la vie.

Recommandations

Pour protéger les citoyens et leurs enfants, voici plus en détail ce que les chercheurs recommandent :

- Une élimination des organophosphorés à des fins agricoles et autres.

- De surveiller les sources d'eau potable pour y déterminer les concentrations d'organophosphorés.

-  Une meilleure formation médicale sur les organophosphorés afin d'améliorer le traitement et la prévention de l'exposition.

- Un recours accru à des solutions moins toxiques et une transition vers des mesures durables de lutte antiparasitaire.

En France, suite à 81 intoxications humaines dans l’Ouest, la vente de pesticides à base de métam-sodium a été récemment interdite.

Les preuves sur la dangerosité des pesticides s’accumulent

Qu’il s’agisse du métam-sodium ou desorganophosphorés, les preuves sur la dangerosité de l’ensemble des pesticides s’accumulent. Ces substances chimiques étrangères à l’organisme sont suspectées d’affecter la croissance et le développement du fœtus, le sommeil, la circulation sanguine ou encore la fonction sexuelle et reproductive. Selon l’OMS, ils favorisent également les pubertés précoces, les cancers, les diabètes, l’obésité et les problèmes cardiovasculaires.

Le contact avec les pesticides augmente aussi considérablement le risque de développer la maladie de Parkinson. Les agriculteurs ont ainsi 10% plus de chances de contracter la maladie que la population générale. Rappelons pour finir que les bébés nés sans bras dans l'Ain ont pour seul point commun d'habiter dans des zones rurales, et que le fait de manger bio réduit de 25% les risques de cancer.