On s’approche d’un vaccin contre la gonorrhée, selon des chercheurs de l'Oregon State University. Leurs résultats, publiés dans Molecular and Cellular Proteomics, sont d'autant plus importants que le microbe responsable (Neisseria gonorrhoeae) est considéré comme une "superbactérie", en raison de sa résistance à toutes les classes d'antibiotiques disponibles pour traiter ce genre d’infection.
"La bactérie responsable de la gonorrhée est particulièrement intelligente. En effet, à chaque fois que nous utilisons une nouvelle classe d’antibiotiques pour traiter l’infection, la bactérie évolue pour y résister", déclarait l’année dernière le Dr Teodora Wi, médecin à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
78 millions de malades
D’origine bactérienne, la gonorrhée est une maladie sexuellement transmissible qui infecte 78 millions de personnes chaque année dans le monde (un chiffre en augmentation). Elle est très dommageable pour les femmes si elle n'est pas ou mal traitée, pouvant mener à l'endométrite, la grossesse extra-utérine, l'épididymite, la maladie inflammatoire pelvienne ou encore l'infertilité. Par ailleurs, les bébés nés de mères infectées courent un risque accru de cécité.
"Pour lutter contre la gonorrhée, nous avons besoin de nouveaux outils et de nouveaux systèmes afin d’améliorer la prévention, de faire un diagnostic précoce et d’assurer un suivi et une notification plus complets des nouveaux cas, de l’usage des antibiotiques, de la résistance et des échecs thérapeutiques", soulignait en 2017 le Dr Marc Sprenger, Directeur du Département Résistance aux antimicrobiens de l’OMS. "En l’occurrence, nous avons besoin de nouveaux antibiotiques et de tests de diagnostic rapides et précis réalisables sur le lieu des soins – idéalement, des tests qui permettent de prédire quels antibiotiques seront efficaces contre cette infection. À plus long terme, il nous faut un vaccin pour prévenir la gonorrhée", avait-il ajouté.
1 600 protéines communes
Rappelons qu’un vaccin agit en introduisant dans l’organisme une protéine "envahissante", appelée antigène, qui déclenche notre système immunitaire. L’équipe de chercheurs a donc effectué le profilage protéomique de 15 souches de Neisseria gonorrhoeae; le protéome désigne toutes les protéines que produit un organisme donné. Plus de 1 600 protéines communes ont été trouvées parmi ces souches, et neuf nouveaux vaccins potentiels ont été identifiés.
Les chercheurs ont également découvert six nouvelles protéines qui se sont exprimées de façon distincte dans toutes les souches, ce qui donne à penser qu'elles jouent un rôle dans la résistance aux médicaments. Elles pourraient donc être des cibles efficaces pour de nouveaux antimicrobiens.
50% des femmes n’ont pas de symptômes
Ensemble, ces résultats représentent une étape clé vers la mise au point de nouvelles armes dans la lutte contre un agent pathogène en constante évolution. "Nous avons créé une banque de données protéomiques de référence pour les chercheurs qui étudient les vaccins contre les Neisseria gonorrhoeae et la résistance aux antimicrobiens", ont déclaré les scientifiques. "Il s'agit de la première étude protéomique de cette envergure à identifier de nouveaux vaccins potentiels et des signatures de résistance potentielles. C'est très excitant", concluent-ils.
Les premiers symptômes de la gonorrhée apparaissent généralement entre 2 et 7 jours après l'infection, mais se manifestent parfois plusieurs mois plus tard. Dans 50% des cas, les femmes n’ont pas de symptômes, contrairement aux hommes.
Symptômes de la gonorrhée
Les symptômes de la gonorrhée peuvent être les suivants* :
- pertes vaginales anormales;
- saignements vaginaux après les relations sexuelles et entre les menstruations;
- écoulements anormaux par le pénis ou l’anus;
- picotements ou sensation de brûlure en urinant;
- douleurs aux testicules ou dans la région de l’anus;
- maux de gorge.
Si ces symptômes se manifestent, ou si vous avez eu des relations sexuelles non protégées, consulter un gynécologue est essentiel.
*Source : Québec.ca.