En terme d’égalité homme-femme, le constat de Mathilde, interne aux urgences pédiatriques en région parisienne, est atterrant. Sur son compte Twitter intitulé "Charge mentale pédiatrie", les anecdotes qu’elle relaye sur les pères et leur enfant sont consternantes.
Alors que son bébé de sept jours vient de faire caca, le père qui le portait le passe aussitôt à la maman. Voici le dialogue qui s’en suit selon l'interne :
"- Mathilde : Pourquoi vous ne le gardez pas ?
- Lui : Pour ne pas avoir de caca sur moi.
- Mathilde : Mais sur votre femme c’est pas gênant ?".
"Je sais pas faire, c’est ma femme qui fait"
Relevons encore cette discussion surréaliste, qui se déroule à quatre heures du matin entre un papa et la jeune médecin :
"- Mathilde : Vous ne faites pas les lavages de nez ?
- Lui : Je ne sais pas faire, c’est ma femme qui fait.
- Mathilde : En 18 mois vous n'avez jamais appris ??
- Lui : Bah quand je le fais, il pleure.
- Mathilde : Et pas avec votre femme ?
- Lui : Bah si mais bon."
« J’ai pas le carnet de santé, c’est ma femme qui sait où il est. »
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 18 juin 2018
*Passe le bébé de 7 jours à sa femme qui vient de faire une selle*
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 18 juin 2018
« Moi : pourquoi vous le gardez pas ?
Lui : pour ne pas avoir de caca sur moi.
Moi : mais sur votre femme c’est pas gênant ? »
Aux urgences à 4h du mat’ pour nez qui coule chez un enfant de 18m :
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 18 juin 2018
« Vous faites pas les lavages de nez?
- Je sais pas faire, c’est ma femme qui fait.
- En 18 mois vous avez jamais appris ??
- Bah quand je le fais, il pleure.
- Et pas avec votre femme ?
- Bah si mais bon. »
"Vous êtes là pourquoi ?
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 21 juin 2018
- Euh il a de la fièvre je crois, enfin je vais laisser la maman tout vous expliquer."
Petite de 4 mois dont on attend l'analyse d'urine : il faut donc récupérer la poche sous sa couche. Au papa qui l'a dans les bras :
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 23 juin 2018
"Elle a uriné c'est bon ?"
Il se tourne vers la maman perplexe.
La mère : "Comment je peux savoir? Elle est dans tes bras, ouvre la couche..."
La mère est debout avec l'enfant dans les bras et m'explique toute l'histoire.
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 28 juillet 2018
Le père est assis sur une chaise, les yeux rivés sur son portable.
"Chéri, décale toi je dois prendre le carnet de santé dans le sac".
Elle me le tend de sa main libre, alors qu'il n'a pas bougé.
Nourrisson de 3 mois qui vient pour vomissements.
— ChargeMentale Pédiatrie (@chargementale) 6 août 2018
"C'est simplement des reflux monsieur. Elle a de la fièvre ?
- Je sais pas, j'ai pas de thermomètre chez moi, j'y connais rien ! D'habitude c'est sa mère qui gère, mais là elle est en déplacement. Merci de me rassurer !"
"Je suis rentrée de garde et le lendemain, j'ai lancé ce compte Twitter pour ne pas m'énerver toute seule", raconte Mathilde au Huffington Post. Ses collègues et les infirmiers alimentent aussi le compte. "Lors d'une journée classique aux urgences, de 8h à 20h, nous avons au moins un récit de ce type, un papa qui oublie le carnet de santé de son enfant, ou qui préfère attendre que la maman soit là...", se désole-t-elle encore.
Tâches domestiques
"Ce qu'il faudrait vraiment, c'est l'allongement du congé paternité. La plupart de ces pères ne sont pas de mauvaise volonté, ils n'ont simplement eu qu'onze jours auprès de leur enfant", indique-t-elle encore. Seulement voilà, rappelons qu’encore aujourd’hui, les femmes consacrent 3h26 par jour aux tâches domestiques contre 2h pour les hommes. Sachant qu’évidemment, les femmes font toujours les tâches domestiques les moins gratifiantes : course, cuisine, ménage, soins aux enfants.
Et les progrès en la matière sont plus que lents : "en onze ans, le temps moyen journalier consacré par les femmes au travail domestique a baissé de 22 minutes, passant de 3h48 en 1999 à 3h26. Celui des hommes a augmenté d’une minute, de 1h59 à 2h", peut-on lire sur l'Observatoire des inégalités.