Travailler de chez soi quand on a une cheville cassée ou un torticolis plutôt que d’être arrêté par son médecin. Cela pourrait bientôt devenir une réalité pour les salariés français.
C’est en tout cas l’une des pistes de réflexion envisagées par le gouvernement pour limiter la prescription d’arrêts maladie et ainsi leur coût de plus en plus important : plus 4% par an. En 2017, 7 milliards d’euros ont été consacrés au règlement des indemnités journalières des salariés malades.
Selon les informations de RTL, le Premier ministre Édouard Philippe a mandaté l’Inspection générale des affaires sociales pour réfléchir à des moyens de diminuer de 200 millions d’euros par an le coût engendré par les arrêts maladie. Le service administratif a réuni mardi 13 novembre un groupe de concertation comptant des médecins, des représentants de patients, ainsi que des syndicats du patronat et des salariés pour dresser un état des lieux et réfléchir à des alternatives concrètes aux arrêts de travail.
Télétravailler en cas d'immobilité
Parmi les pistes évoquées, celle du télétravail pour réduire le recours et la durée des arrêts maladie. Il sera par exemple possible, en cas d’immobilité au domicile, de recourir au télétravail plutôt que d’être arrêté plusieurs semaines par son médecin. Cette option permettrait aussi une reprise anticipée du salarié.
Cette mesure est avant tout pensée pour limiter les arrêts maladie de plus de 6 mois. Très peu nombreux, ils représenteraient selon RTL 44% du coût global des arrêts maladie. Mais peine évoquée, cette possibilité suscite déjà l’inquiétude de certains syndicats qui s’inquiètent des possibles pressions que pourront subir les salariés de la part de leurs employeurs pour les obliger à télétravailler plutôt que d’être en arrêt maladie.
Davantage de contrôles et recours au mi-temps thérapeutique
Autre mesure évoquée, celle consistant à généraliser les arrêts maladie dématérialisés. Transmis via Internet à l’employeur, ces arrêts électroniques permettront de réaliser des contrôles plus fréquents de salariés en les convoquant via SMS.
La piste du mi-temps thérapeutique dès le début de l’arrêt est aussi à l’étude. "Aujourd’hui, on ne peut pas accorder un arrêt à temps partiel à un patient déprimé parce que, par exemple, son enfant est en chimiothérapie. Il faut d’abord un arrêt complet", explique un médecin au Parisien. Prescrire une reprise à temps partiel dès le début de l’arrêt maladie devrait permettre de limiter les coûts, estime l’Igas.
Enfin, une nouvelle case pourrait apparaître sur les feuilles d’arrêt de travail : "Voir la médecine du travail". Cochée par le médecin, elle permettra à l’employeur d’organiser une entrevue avec le salarié et le médecin du travail lorsque l’arrêt maladie est lié aux conditions de travail. Selon l’Igas, un quart des arrêts supérieurs à 15 jours est lié à un mal-être au travail.
D’après Le Parisien, l’Igas réunira à nouveau les partenaires sociaux et représentants syndicaux les 28 et 29 novembre prochains. Une première mouture de ses suggestions sera quant à elle rendue au Premier ministre le 13 décembre.