Le hasard fait parfois bien les choses. En science, la liste des découvertes survenues par accident en est la preuve et ce phénomène porte même un nom : la sérendipité. À titre d’exemple, on peut citer la chimiothérapie qui est née d'observations faites chez les personnes intoxiquées par le gaz moutarde pendant la Première Guerre Mondiale. Ou le viagra, fruit d’essais cliniques d’un médicament destiné à soigner l’hypertension qui a provoqué l’érection des patients. Notons enfin la découverte du rôle du pancréas dans le diabète, résultat de l’observation de l’urine de chien.
Le peroxyde d’hydrogène, élément clé
Les chercheurs de l’Université de Michigan avaient engagé des recherches sur une colle intelligente. Il s’agissait de tester la biocompatibilité et l’extraction d’un acide aminé collant des moules : le catéchol, pour lequel une petite décharge d'électricité permet d’activer et désactiver le caractère collant. "Au cours du processus, Hao Meng, la directrice de l’étude, a découvert que la réaction chimique générée par le peroxyde d'hydrogène était un sous-produit de l'oxydation", a déclaré Bruce Lee, professeur à l’Université de Michigan. "Elle a commencé à penser : et si nous pouvions utiliser le peroxyde d’hydrogène ?"
Les ingénieurs se sont alors intéressés à ce sous-produit qui rend ce désinfectant cicatrisant. Leurs résultats ont été publiés dans Acta Biomaterialia. Il restait, pour les chercheurs, à étudier la manière d’incorporer le peroxyde d’hydrogène pour provoquer une réaction chimique. Ils ont alors décidé de fabriquer un microgel. "Le gel est comme de la gélatine," explique Bruce Lee. "C'est un réseau de polymères avec beaucoup d'eau. Et comme la gélatine, nous commençons avec un liquide et le solidifions en une forme."
Une réussite à 99,9%
L'équipe de chercheurs a testé le microgel qui a permis de réduire de 99,9% la capacité de deux virus à infecter les cellules. Ils ont étudié les effets sur deux souches bactériennes communes et deux virus structurellement différents. Ils ont observé le Staphylococcus epidermidis qui est responsable d'infections cutanées, d'infections nasales comme des sinusites ou d'infections urinaires puis l’Escherichia coli (E. coli), plus impénétrable, qui provoque des diarrhées sanglantes et une puissante toxine ou encore des intoxications alimentaires.
"Nous n'avons pas encore testé de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques, mais plus nous pourrons cesser d'utiliser des antibiotiques, mieux ce sera", a déclaré Bruce Lee. "Il reste encore beaucoup de travail à faire. Nous voulons montrer dans quelles conditions cela favorise la guérison et comment réagit une cellule. De fortes concentrations de peroxyde d'hydrogène peuvent également tuer les cellules. Nous avons donc besoin d'un équilibre adaptable aux différents types de cellules."
Une solution qui pourrait être une alternative au gel hydroalcoolique actuellement utilisé. Ce dernier constitue une menace pour les plus petits qui sont nombreux à l’ingérer et à risquer une intoxication. De plus, certaines bactéries sont devenues résistantes aux gels hydroalcooliques dont l’efficacité diminue.