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Epidémie

Grippe : voici pourquoi le coût du vaccin explose cette année pour l'Assurance maladie

Par Mathilde Debry

Cette année, l'Assurance maladie devrait débourser 63 millions d'euros pour rembourser aux personnes à risque le vaccin contre la grippe, soit le double de l’année dernière.

Sladic /istock

Nos collègues de France Info ont calculé le coût de la vaccination contre la grippe, et la facture est salée. Cette année, l'Assurance maladie devrait débourser 63 millions d'euros, soit le double de l’année dernière (35 millions en 2017). En cause : le prix du vaccin, qui est passé de 6,20 euros à 11,13 euros en pharmacie, soit quasiment le double du prix de 2017. En supposant que le même nombre de Français devrait être vacciné gratuitement cette année, le calcul est vite fait.

Quatre souches vaccinales

Cette hausse de tarif en pharmacie s'explique par le fait que le vaccin de cette année contient quatre souches vaccinales (2 souches A et 2 souches B), et non trois comme l'an passé (2 souches A et 1 souche B). Les fabricants augmentent ainsi le potentiel protecteur de cette injection qui lutte contre un virus en perpétuelle mutation.

"Le virus de la grippe mute en permanence, de manière parfaitement aléatoire", explique Bruno Lina, professeur de virologie à l’Université Lyon 1 et Chef de Service chez Hospices Civils de Lyon. "Certains virus mutés échappent à la réponse immunitaire, et peuvent ainsi infecter des personnes qui ont déjà eu la grippe. En ce sens, même s’il est ajusté chaque année, le vaccin contre la maladie ne peut pas être efficace à 100%".

Cocon de protection

Selon le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire, deux virus de la grippe différents se sont ainsi succédés l'année dernière : le "virus A(H1N1) pdm09" et le "virus B Lignage Yamagata". Le vaccin a été efficace contre le premier, mais pas contre le deuxième. Le nombre de consultations pour syndrome grippal pendant l’épidémie a de ce fait été estimé à près de 2,4 millions, avec une surmortalité importante (17 000 décès).

"C’est précisément parce que le vaccin n’est pas totalement efficace qu’il faut absolument que toutes les personnes qui ont reçu le bon de prise en charge se fassent vacciner, tout comme leur entourage. Cela doit permettre de leur constituer une sorte de cocon de protection contre la grippe autour des personnes les plus fragiles", poursuit Bruno Lina.

Les personnes à risque

Les pouvoirs publics visent en effet à vacciner au maximum les citoyens à risque contre la grippe, afin d’éviter qu’ils n’en meurent et que l’épidémie ne se propage. On parle ici des personnes de 65 ans et plus, des femmes enceintes, des personnes souffrant de pathologies fragilisantes (asthme, obésité…), l’entourage des personnes à risque, l’entourage des enfants de moins de deux ans (parents, grands-parents, nounou…) et tous les professionnels de santé susceptibles de transmettre le virus de la grippe à leurs patients.

Dans cette optique, la ministre de la Santé Agnès Buzyn vient de signer une charte en faveur de la vaccination des professionnels de santé avec les sept ordres de santé : sages-femmes, pharmaciens, kinés, médecins, infirmiers, dentistes et podologues. "En se faisant vacciner eux-mêmes, non seulement les professionnels de santé montrent l’exemple, mais surtout, ils protègent leurs patients", a déclaré la ministre de la Santé, évoquant un "enjeu déontologique".

Se faire vacciner en pharmacie

Administré entre mi-octobre et fin novembre, le vaccin contre la grippe donne une protection 10 à 15 jours après l'injection, au moins jusqu'à l'hiver suivant. Cette année, les Hauts-de-France et l’Occitanie offrent la possibilité aux patients de se faire vacciner en pharmacie. Si l’expérience est concluante, le gouvernement espère pouvoir étendre cette mesure à l’ensemble des pharmacies françaises en 2020, voire dès l’automne 2019. Chaque année, environ 2,5 millions de personnes attrapent la grippe.