Les paquets neutres protègent efficacement les adolescents français du tabac, selon une nouvelle étude publiée dans Tobacco Control. Instaurée depuis janvier 2017, cette mesure a fait en sorte que les paquets de cigarette aient tous la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie. Ils sont aussi dénués de logos et porteurs d’images choquantes mettant en avant la dangerosité du tabagisme.
Diminution du taux d’initiation au tabac
Parmi les objectifs de cette uniformisation des packagings : la réduction de l’attractivité et la dénormalisation du tabagisme pour entraîner à terme la diminution du taux d’initiation au tabac, en particulier chez les jeunes de 12 à 17 ans, très sensibles au marketing.
Les résultats de l’étude montrent qu’un an après la mise en place des paquets neutres, 1 jeune sur 5 (20,8%) a expérimenté le tabac pour la première fois contre 1 sur 4 (26,3%) en 2016 et ce, même en prenant en compte leurs caractéristiques démographiques et socio-économiques. Cette baisse est plus marquée chez les jeunes filles : 1 sur 10 (13,4%) contre 1 sur 4 (25,2%). L’enquête téléphonique, réalisée auprès de 2 000 adolescents avant la mise en place des paquets neutres et 2 000 autres exactement un an après, témoigne également d’un net recul de l’attractivité du tabagisme auprès des jeunes.
Considérer le tabagisme comme dangereux
Les jeunes interrogés sont désormais plus susceptibles de considérer le tabagisme comme dangereux (83,9% contre 78,9% en 2016) et de déclarer avoir peur de ses conséquences (73,3% contre 69,2%). Ils sont également moins susceptibles d’affirmer que leurs amis ou leur famille acceptent le tabagisme (16,2% contre 25,4% et 11, 2% contre 24,6%). Enfin, les jeunes fumeurs sont moins attachés à leur marque de tabac en 2017 par rapport à 2016 (23,9% contre 34,3%).
Ces résultats "montrent que le paquet neutre pourrait contribuer à dénormaliser le tabac chez les jeunes et à en diminuer l’expérimentation", affirment les auteures de l’étude, Maria Melchior, chercheuse Inserm et Fabienne El-Khoury, post-doctorante. "L’effet global serait dû aux politiques de lutte contre le tabac incluant la mise en place des paquets neutres, l’augmentation de prix faites et annoncées, et les campagnes de sensibilisation", ajoutent-elles.
Une génération de non-fumeurs avant 2034
"A ce rythme, les fumeurs, les bureaux de tabac et les terrasses enfumées ne seront bientôt qu’un lointain souvenir. L’évolution actuelle rend très optimiste sur l’extinction du tabagisme", analyse le Pr Bertrand Dautzenberg, président de Paris sans tabac, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière et tabacologue. "La France va très certainement aboutir à une génération de non-fumeurs avant 2034". Selon les données du Baromètre santé 2017 de Santé publique France publiées tout récemment, la prévalence du tabagisme quotidien est tombée de 29,4% en 2016 à 26,9% en 2017, soit une baisse de 2,5 points. Cela correspond à un million de fumeurs en moins sur une année.
En France, le tabagisme reste malgré tout la première cause de mortalité évitable, avec environ 73 000 décès chaque année. Il peut être la cause de multiples cancers (poumon, gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie, utérus, œsophage). Mais également de maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, artérite des membres inférieurs, anévrismes, hypertension artérielle) et de troubles de l’érection.
Gastrites, ulcères gastro-duodénaux, diabète de type II
D’autres pathologies ont un lien ou sont aggravées par le tabagisme : les gastrites, les ulcères gastro-duodénaux, le diabète de type II, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie, l’eczéma, le psoriasis, le lupus, les infections ORL (nez - gorge - oreilles) et dentaires, la cataracte et la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age) pouvant aboutir à la cécité. Sans oublier la parodontite, maladie des gencives qui provoque le déchaussement et la perte des dents.