"Au moins 40% des cancers sont évitables" car liés au mode de vie (tabac, alimentation, alcool, facteurs environnementaux…), estime Christophe Leroux, directeur de la communication de la Ligue. Généraliser la vaccination gratuite contre les papillomavirus, taxer l’alcool ou encore mieux soutenir la recherche… La Ligue contre le cancer a présenté, à l'occasion de son centenaire, 11 mesures à la suite de ses premiers états généraux de la prévention.
Tenue au @lecese des 1ers #EGPC par @laliguecancer, afin de présenter à la Ministre @agnesbuzyn une série de propositions pour mieux prévenir les cancers. #Assembl au coeur de la démarche pour les enrichir des points de vue citoyens ! A lire ici : https://t.co/weN3UhGaMd pic.twitter.com/eSBmo5i0r2
— Alexandre Detroux (@AlexDetroux) November 21, 2018
L’alcool, à taxer comme le tabac
Pour la Ligue, l’augmentation des cas de cancer doit conduire les pouvoirs publics à mener une active politique de prévention. "On est passé de 1 000 cas de cancers par jour en France en 2013 à 1 100 en 2017, même si la mortalité est stable grâce aux traitements. Il est temps d’appeler à la mobilisation générale pour la prévention", plaide Christophe Leroux. Selon l’Institut national du cancer (INCa), les nouveaux cas de cancers en France en 2017 sont estimés à 400 000 et les décès à 150 000.
Parmi les propositions fortes, figure la hausse de la taxe sur l’alcool, à l'instar des décisions prises sur le tabac (le paquet de cigarettes coûtera 10 euros en 2020). Environ 8% des cancers enregistrés en 2015 sont liés à une consommation d’alcool régulière, d’après l'Institut national du cancer (INCa). "Les études scientifiques montrent une augmentation du risque de cancer dès la consommation moyenne d'un verre par jour", note le directeur de la communication de la Ligue. Or, en France, la consommation moyenne quotidienne s'élève entre 3 et 4 verres par personne.
Rediriger la recherche vers la prévention
La Ligue suggère également la vaccination systématique dès l’entrée au collège contre les papillomavirus (HPV), infections sexuellement transmissibles qui peuvent provoquer des cancers du col de l’utérus, de l’anus ou encore des cancers ORL. Dans ce domaine, la France est en retard puisque le taux de couverture contre ces infections n’est que de 19%. En Australie, où une campagne de vaccination HPV a été lancée il y a 10 ans, 80% des filles et 75% des garçons sont vaccinés et les autorités de santé prévoient l'éradication de ce virus d’ici 20 ans.
À la suite de ses états généraux, la Ligue a également expliqué souhaiter mieux soutenir la recherche. Ainsi, elle veut consacrer 20% des sommes allouées à la recherche sur le cancer à la prévention. L’un des objectifs de cette augmentation de budget serait d’en apprendre plus sur ce qu’elle appelle les "effets cocktails", c’est-à-dire le cumul des effets nocifs de plusieurs substances cancérigènes, comme certains pesticides par exemple.
La prévention, c’est rentable
Enfin, le reste des propositions concernent des moyens de mieux sensibiliser la population à l’exposition aux risques. Cela passe par une meilleure information de la population sur tous les risques de cancer, par une sensibilisation des enfants dès le plus jeune âge et tout au long de la scolarité, par une réduction des inégalités d’accès à la prévention et, enfin, par la reconnaissance et la professionnalisation des acteurs de la prévention.
La Ligue contre le cancer insiste, à travers ses propositions, sur la nécessité de renforcer la prévention. "Auparavant, on pensait qu’une action de prévention du cancer mettait 20 ou 25 ans à produire des effets", explique Christophe Leroux. "Mais aujourd’hui, on sait que ça peut être rentable immédiatement, y compris politiquement".