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Recherche contre le cancer

Cancer : des chercheurs réussissent à bloquer le déplacement des cellules cancéreuses

Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à stopper la propagation du cancer et la formation de métastases en perturbant le mécanisme de déplacement des cellules tumorales. 

Cancer : des chercheurs réussissent à bloquer le déplacement des cellules cancéreuses man_at_mouse/iStock




C’est une découverte qui pourrait bien révolutionner la recherche contre le cancer. Pour la première fois, des chercheurs de l’Université du Minnesota, à Minneapolis, ont utilisé un modèle expérimental et ont ainsi réussi à stopper la propagation du cancer en perturbant le mécanisme des cellules tumorales. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue Nature Communications.

Des "cellules sournoises" qui changent leur façon de se déplacer

Les chercheurs de l’Université du Minnesota se sont focalisés sur les métastases, ces tumeurs secondaires formées à partir de cellules cancéreuses, qui se détachent de la tumeur primitive pour migrer par les vaisseaux lymphatiques ou les vaisseaux sanguins et s'installer dans une autre partie du corps.

Ce sont ces métastases qui sont responsables de 90% des décès par cancer. De fait, les chances de venir à bout du cancer son bien plus grandes si la maladie ne s’est pas propagée au-delà de la tumeur primitive.

Pour freiner la propagation des métastases, les chercheurs ont mis au point en laboratoire un environnement tumoral afin d’observer comment les cellules cancéreuses du sein s’y déplaçaient. Ils ont ensuite tenté grâce à des médicaments d’arrêter les cellules en perturbant les mécanismes leur servant de moteurs. Mais, à leur grande surprise les cellules tumorales n’ont pas cessé leur activité : elles sont passées à une toute autre façon de se déplacer, les faisant ressembler à des gouttes "suintantes".

"Les cellules cancéreuses sont très sournoises", remarque l'auteur principal, le Dr Paolo P. Provenzano, professeur agrégé au département de génie biomédical de l'Université du Minnesota. "Nous ne nous attendions pas à ce que les cellules changent leur mouvement", admet-il. Les scientifiques ont alors ciblé les deux modes de mouvement des cellules en même temps, ce qui a "stoppé les cellules dans leur course". "C'est presque comme si nous avions détruit leur GPS pour qu'ils ne puissent pas trouver les autoroutes. (...) Les cellules sont restées assises là et n'ont pas bougé", analyse le chercheur.

Bloquer les "autoroutes" suivies par les cellules tumorales

La deuxième étape des travaux menés par les scientifiques a consisté à perturber le "guidage par contact" utilisé par les cellules tumorales pour se déplacer dans l’organisme et former des métastases.

Si ces indices de contact n’ont pas encore été bien compris par la communauté médicale, les chercheurs insistent pour dire que ce sont eux qui aident, un peu comme "des autoroutes", les cellules cancéreuses à détecter et à suivre le cheminement des tumeurs.

Pour étudier comment les cellules reconnaissent et suivent ces voies, l'équipe a mis au point des micro-environnements bidimensionnels qui imitent des modèles de signaux de guidage dans les tumeurs. "En utilisant ces micro-environnements réseaux contrôlés, nous avons pu tester des centaines d'événements de mouvement cellulaire en quelques heures, comparativement à un ou deux dans la même période de temps en imaginant une tumeur", explique le Dr Erdem D. Tabdanov, auteur principal de l'étude et chercheur au département biomédical de l’Université.

Réalisée par l'Université du Minnesota, cette courte vidéo montre ce qui s'est passé lorsque les chercheurs ont utilisé des médicaments pour cibler les mouvements moteurs des cellules du cancer du sein. Les cellules sont passées à un mouvement fluide, semblable à un suintement, qui repose sur différents mécanismes.

Désormais, l’équipe de chercheurs souhaite tester sa méthode sur d’autres types de cancer puis commencer des essais sur les animaux. En cas de réussite, des essais sur les humains pourraient suivre d’ici quelques années. "En fin de compte, nous aimerions trouver des moyens de supprimer le mouvement des cellules cancéreuses tout en améliorant le mouvement des cellules immunitaires pour combattre le cancer", conclut le Pr Paolo P. Provenzano.

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