Selon une nouvelle étude publiée dans le JAMA, l’accouchement par césarienne a été associé à un risque de surpoids et d’obésité chez les enfants à partir de 12 mois, mais uniquement lorsque la chirurgie était programmée. Plus tard, ces bébés ont aussi eu des problèmes de microbiote intestinal comme la maladie coeliaque.
"L'accouchement par césarienne a déjà été associé à de l’embonpoint et à l'obésité chez les jeunes enfants", expliquent en préambule les chercheurs. "Cependant, peu d'études ont examiné séparément l'accouchement par césarienne d'urgence et l'accouchement par césarienne programmée", poursuivent-ils.
Maladie coeliaque
Parmi 727 nourrissons analysés, 30,5% (222) sont nés par césarienne, dont 33,3% (74) étaient des césariennes programmées. La prévalence de l'embonpoint et du surpoids à l'âge de 12 mois était respectivement de 12,2% (89) et de 2,3% (17). Comparativement à l'accouchement normal, l'accouchement par césarienne programmée a donc été associé de façon significative au risque d'embonpoint à l'âge de 12 mois. La plupart des enfants en surpoids souffraient aussi de la maladie coeliaque (intolérance au gluten). Les mères avaient été recrutées dans deux grands hôpitaux publics de Singapour.
"Notre étude prouve l’existence d’une association entre l'accouchement par césarienne non urgente et un risque accru d'embonpoint chez l'enfant dès l'âge de 12 mois", concluent les chercheurs. "Les cliniciens sont encouragés à informer les patientes des conséquences que peuvent avoir les césariennes sur leur bébé", insistent-ils.
Le nombre de naissances par césarienne a doublé
Entre 2000 et 2015, le nombre total de naissances par césarienne dans le monde est passé de 12% à 21%, dépassant même 40% dans 15 pays (République dominicaine, Brésil, Egypte, Turquie, Venezuela, Chili, Colombie, Iran…). La pratique des césariennes a augmenté en moyenne de 6% par an en Asie, passant de 7,2% à 18,1% des naissances. La hausse est d'environ 2% par an en Amérique du nord (32% de césariennes en 2015) et en Europe occidentale (26,9%).
En France, le taux de césariennes est stable depuis 2010 (20,4% en 2016), après avoir beaucoup augmenté les vingt années précédentes. Mais le nombre de césariennes peut varier du simple au double selon le département. La Guyane, les Alpes de Haute-Provence, la Lozère et la Haute-Corse enregistrent plus de 23 césariennes pour 100 naissances tandis que l’Yonne, le Loir-et-Cher, le Doubs, la Guadeloupe, le Jura et la Haute-Saône en pratiquent moins de 15 pour 100 naissances.
Modifier la physiologie néonatale
"Une césarienne peut être une intervention salvatrice lorsqu'elle est médicalement indiquée, mais cette intervention peut aussi avoir des effets à court et à long terme sur la santé des femmes et des enfants", rappelaient en octobre dernier un vaste collectif de gynécologues, très inquiets de ces chiffres.
Ils précisaient : "il est de plus en plus évident que les bébés nés par césariennes ont des expositions hormonales, physiques, bactériennes et médicales différentes, et que ces expositions peuvent subtilement modifier la physiologie néonatale. Les risques à court terme incluent un développement immunitaire altéré, une probabilité accrue d'allergie, d'atopie et d'asthme, et une diversité microbienne intestinale réduite. La persistance de ces risques jusqu'à un âge plus avancé est moins bien étudiée, bien qu'une association entre le recours à la césarienne et une plus grande incidence d'obésité et d'asthme tardifs chez les enfants soit fréquemment rapportée".