Un nouveau facteur génétique de la forme mortelle du cancer de la prostate, ainsi qu'une molécule pouvant être utilisée pour l’attaquer, ont été découvert. Les résultats de cette étude ont publiés dans la revue Nature Medicine. Les tests ont été menés chez des souris de laboratoire. S’ils sont confirmés chez l'homme, ils pourraient permettre de maîtriser plus efficacement certains types agressifs de cancer de la prostate, première cause de cancer chez les hommes en France avec 71 000 nouveaux cas estimés par an.
Onecut 2, la molécule responsable
Pour leur étude, l'équipe de chercheurs a analysé les données génétiques et moléculaires des patients atteints de cancer de la prostate. Cette analyse leur a permis de mettre en évidence une activité élevée de la molécule Onecut2 dans les tumeurs de patients dont le cancer de la prostate résiste au traitement hormonal. Onecut2 est une molécule nécessaire au corps pour fabriquer certaines protéines.
L'équipe a découvert que cette molécule interfère avec l'activité des protéines des récepteurs aux androgènes, cibles de l’hormonothérapie, utilisée pour traiter le cancer de la prostate. Ce processus pourrait permettre au cancer de devenir moins dépendant des hormones pour son développement.
Dans le même temps, Onecut2 amène certaines cellules cancéreuses à se transformer en une variété plus agressive qui résiste à l'hormonothérapie. "Ces actions jumelles d'Onecut2 pourraient aider à expliquer comment certains cancers de la prostate échappent à la thérapie hormonale et deviennent plus agressifs", développe Michael Freeman, l’un des chercheurs participant à l’étude.
CSRM617 vs Onecut 2
Dans des expériences supplémentaires, impliquant des échantillons de tissus humains, des bases de données pharmaceutiques et des souris de laboratoire, les chercheurs ont identifié un composé, CSRM617, susceptible de contrecarrer Onecut2 en réduisant significativement la taille des métastases. "Nos recherches suggèrent qu'Onecut2 est un régulateur important des formes mortelles de cancer de la prostate, qui pourrait constituer une cible thérapeutique utile chez près d'un tiers des patients dont le cancer se propage et échappe à l'hormonothérapie", déclare Michael Freeman.
"Nous avons besoin de nouvelles stratégies pour empêcher le cancer de la prostate de devenir mortel pour les milliers d'hommes dont la maladie résiste à la thérapeutique hormonale", explique Michael Freeman. "Ces découvertes sont emblématiques du travail de changement de paradigme mené dans le domaine du cancer", a poursuivi Dan Theodorescu, directeur de l'institut du cancer à l’origine de l’étude. "Ils montrent comment nos chercheurs relient la découverte scientifique au développement clinique de nouveaux traitements qui auront un impact sur les patients."
Les hommes, dont les tumeurs du cancer de la prostate sont localisées, survivent généralement de nombreuses années après le diagnostic, peu importe qu’ils subissent ou non une intervention chirurgicale, une radiothérapie ou aucun traitement. Mais pour une minorité d’hommes, dont le cancer se propage à d'autres parties du corps et résiste à l'hormonothérapie, le pronostic est sombre puisque moins d'un tiers d'entre eux survivent cinq ans après le diagnostic.