ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Stress : notre corps est plus vulnérable à celui du soir

Cortisol

Stress : notre corps est plus vulnérable à celui du soir

Par Jean-Guillaume Bayard

Les événements stressants survenant le soir nous rendent plus vulnérables que ceux qui se produisent le matin. En effet, le cortisol, l'hormone libérée par l'organisme en situation de stress, est moins sécrété en fin de journée et nous prive de l'énergie nécessaire pour réagir aux évènements angoissants.

YakobchukOlena/iStock

Le stress est mauvais pour la santé. Prolongé et chronique il peut provoquer diverses maladies allant du diabète aux affections cardiovasculaires en passant par la dépression ou même la schizophrénie. Mais en fonction du moment où les évènements stressants se produisent, les effets sur l'organisme sont différents.

D’après une étude japonaise, publiée dans la revue Neuropsychopharmacology Reports, le système central de notre corps réagit moins fortement au stress psychologique aigu le soir que le matin.

L’axe HPA

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université d’Hokkaido ont recruté 27 jeunes volontaires sains, aux heures de travail normales et avec des habitudes de sommeil normales. L’objectif a été de déterminer si l'axe "hypothalamo-hypophyso-surrénalien" (HPA) répond différemment au stress psychologique aigu en fonction de l'heure de la journée.

L’axe HPA relie les systèmes nerveux central et endocrinien du corps. Le cortisol, l'hormone de stress principale chez l'homme, est libéré pendant plusieurs heures lorsque l'axe HPA est activé par un événement stressant. Le cortisol aide à fournir au corps l'énergie nécessaire pour répondre à un besoin de lutte ou de fuite. Les niveaux de cortisol sont également régulés par une horloge circadienne (horloge veille-sommeil) principale dans le cerveau et sont normalement élevés le matin et bas le soir.

Mesure salivaire des niveaux de cortisol

L’équipe de chercheurs a d’abord mesuré le rythme dans la journée (diurne) des niveaux de cortisol salivaire chez les volontaires afin d’établir une base de référence. Les volontaires ont ensuite été divisés en deux groupes : le premier a été soumis à un test de résistance le matin, deux heures après leur heure normale de réveil ; le deuxième a du répondre à un test de résistance le soir, dix heures après leur heure normale de réveil.

Le test a duré 15 minutes et a consisté à faire une présentation face à une caméra et en présence de trois enquêteurs. Des échantillons de salive ont été prélevés une demi-heure avant le début du test, immédiatement après et à intervalles de dix minutes pendant une demi-heure supplémentaire.

Seul le système nerveux sympathique s’active le soir

Les chercheurs ont constaté que les niveaux de cortisol salivaire augmentent de manière significative chez les volontaires ayant subi le test d'effort le matin, alors qu'aucune réponse de ce type n'a été observée chez ceux qui ont subi le test le soir. En revanche, le rythme cardiaque des volontaires, indicateur du système nerveux sympathique réagissant immédiatement au stress, ne diffère pas selon le moment de la journée.

"Le corps peut réagir au stress du matin en activant l'axe HPA et le système nerveux sympathique, mais il doit réagir au stress du soir en activant uniquement le système nerveux sympathique", commente Yujiro Yamanaka, auteur de l’étude. "Notre étude suggère une vulnérabilité possible au stress dans la soirée. Toutefois, il est important de prendre en compte l’horloge biologique et le moment de la journée de chaque individu lors de l’évaluation de la réponse aux facteurs de stress et de leur prévention."