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Embolisation de l'artère gastrique gauche

Obésité : des médecins mettent au point une toute nouvelle intervention

Par Mathilde Debry

Malgré quelques bémols, une nouvelle intervention utilisée pour traiter l'obésité est efficace. Il s'agit de "l'embolisation de l'artère gastrique gauche". 

mheim3011 / istock

En cas d'’obésité sévère, adopter une alimentation équilibrée et pratiquer de l'exercice physique ne suffisent pas toujours. Les chirurgies visant à réduite la taille de l’estomac sont efficaces, mais coûteuses et peuvent entraîner des complications. Alors malgré une perte musculaire importante, l'embolisation de l'artère gastrique gauche, une nouvelle intervention utilisée pour traiter l'obésité et présentée à la réunion annuelle de la Radiological Society of North America (RSNA) s'avère prometteuse. 

Des billes microscopiques

Actuellement à l'étude, l'embolisation de l'artère gastrique gauche est une option moins invasive que la chirurgie. Au cours de l'intervention, des billes microscopiques sont injectées sous guidage d'imagerie dans l'artère qui fournit le sang à l'estomac. Les billes bloquent le flux sanguin vers l'estomac et réduisent la production de ghréline, une hormone qui stimule la faim.

"De nombreuses recherches ont été menées afin d’évaluer l'efficacité de l'embolisation de l'artère gastrique dans la perte de poids", a déclaré le directeur de l'étude, Edwin A. Takahashi, boursier en radiologie vasculaire (Minneapolis). "Cependant, on ne sait pas vraiment si les patients perdent de la graisse, comme désiré, ou de la masse musculaire, ou une combinaison des deux", explique-t-il.

La graisse et les muscles

Pour en savoir plus, son équipe a étudié les tomodensitogrammes de 16 patients obèses qui avaient subi une embolisation de l'artère gastrique gauche. Les tomodensitogrammes, lorsqu'ils sont utilisés conjointement avec un logiciel spécial, permettent de mesurer la composition corporelle en fonction des différentes densités de tissus, comme la graisse et les muscles.

Les scanners ont été effectués avant et un mois et demi après l'intervention. Les résultats ont été comparés à ceux d'un groupe témoin. Les 16 personnes ont toutes perdu beaucoup de poids après l'intervention d'embolisation, perdant en moyenne 6,4% de leur poids corporel. Leur indice de masse corporelle a chuté de 6,3%.

Perte de la masse musculaire

Bien que la perte de poids n'ait pas surpris les chercheurs, les changements dans la composition corporelle étaient, eux, inattendus. L'indice des muscles squelettiques a notamment chuté de 6,8% après l’intervention. "La diminution significative de la quantité de muscle squelettique souligne le fait que les patients qui subissent cette procédure sont à risque de perdre de la masse musculaire et doivent être pris en charge en conséquence après l'intervention", indique le Dr Takahashi.

Notons aussi que la perte de graisse était seulement sous-cutanée. La graisse viscérale, associée à de graves problèmes de santé comme les maladies cardiaques et le diabète, n'a pas diminué de façon significative au cours du suivi. Depuis 1975, le nombre de personnes obèses a quasiment été multiplié par trois dans le monde. En 2016, 13% des adultes dans le monde étaient obèses, 39% étaient en surpoids. En France, on estime que 30% de la population souffre de cette affection. D’après des chercheurs danois et britanniques, 22% de la population mondiale pourrait être obèse en 2045 si la situation ne change pas.

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