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Vaccination

Le lait maternel peut inhiber les symptômes d'une gastro-entérite à rotavirus chez les bébés

Par Charlotte Arce

Nous connaissons enfin les liens complexes qui existent entre le sucre et le microbiote présents dans le lait maternel et les infections à rotavirus des nouveau-nés. 

GOLFX/iStock

Des composants du lait maternel, comme certains sucres et son microbiote, pourraient en effet inhiber l’infection de certains rotavirus responsables, entre autres, de la gastro-entérite infantile. Voici la découverte faite par une équipe internationale de chercheurs, dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Nature Communications.

D’après ses auteurs, ces composants du lait maternel pourraient permettre d’améliorer les performances des vaccins anti-rotavirus vivants atténués et ainsi diminuer les infections gastro-intestinales chez les jeunes enfants.

Le rôle des sucres du lait maternel dans les infections virales mis en évidence

Car les infections gastro-intestinales provoquées par un rotavirus peuvent être particulièrement graves chez les tout-petits. Celles-ci "provoquent la diarrhée et les vomissements principalement chez les enfants de moins de 5 ans, à l’exception des bébés de moins de 28 jours qui ne présentent généralement aucun symptôme", explique le Dr Sasirekha Ramani, professeure adjointe de virologie moléculaire et de microbiologie au Baylor College of Medicine.

C’est ces différences entre les nouveau-nés avec et sans symptômes, "pas clairement comprises", qui ont motivé les travaux des chercheurs. Ces derniers ont d’abord cherché à savoir si des facteurs tels que la quantité de virus chez les nouveau-nés ou leur génome pourraient être liés à la présence de symptômes chez les nouveau-nés. Ils n’ont cependant trouvé aucun lien entre ces facteurs et le développement de symptômes ou non.

Les scientifiques se sont alors posé la question du point de vue des nouveau-nés. Y a-t-il chez eux des facteurs pouvant expliquer pourquoi le rotavirus infecte certains enfants et d’autres non et pourquoi ceux-ci développent ou pas des symptômes ? Ils se sont alors penchés en laboratoire sur les composants du lait maternel et leur capacité à inhiber l’infection d’un rotavirus néonatal.

Ils ont alors fait une découverte inattendue : certains sucres présents dans le lait maternel renforcent l'infection des cellules en culture avec la souche de rotavirus néonatal. "Nous avons été surpris par ces résultats", reconnaît le Dr Ramani.

Jusqu’ici en effet, les scientifiques pensaient que "le lait maternel renforçait la protection du nouveau-né contre l'infection à rotavirus et que la présence de sucres dans le lait maternel pouvait réduire l'infectivité d'autres rotavirus". Or, "nous avons constaté le contraire pour cette souche particulière de virus", commente la chercheuse.

En confrontant ces résultats de laboratoire à une cohorte de couples mères-enfants, les auteurs de l’étude se sont aperçus que "certains sucres spécifiques du lait maternel qui augmentent l'infectivité des cellules en culture sont présents dans le lait des mères de nouveau-nés présentant une infection symptomatique".

Vers une amélioration de l’efficacité des vaccins anti-rotavirus

Par ailleurs, les chercheurs ont découvert un lien entre le microbiote du lait maternel et les symptômes gastro-intestinaux chez les nouveau-nés, ce qui a suscité de nouvelles questions. Comment le microbiote contribue-t-il aux différences dans les symptômes gastro-intestinaux ?

Dans l’attente de ces réponses, les chercheurs espèrent améliorer la réplication virale afin de rendre la réponse immunitaire des nouveau-nés plus efficace contre le rotavirus. "Le plus intéressant pour nous, c'est que ces sucres augmentent également la réplication du vaccin vivant atténué contre le rotavirus, qui est similaire au virus néonatal que nous étudions", explique le Dr Ramani, qui souhaite désormais se servir de ces résultats pour "améliorer l’efficacité des vaccins anti-rotavirus dans les régions du monde où ils ne donnent pas de bons résultats".

"Ces découvertes sont un excellent exemple du besoin urgent d'améliorer notre compréhension de la composition et de la variation des composants du lait maternel", estime quant à lui le Dr Lars Bode, professeur agrégé de pédiatrie et directeur et président de la recherche coopérative sur le lait humain à la Fondation Larsson-Rosenquist Mother-Milk-Infant Center of Research Excellence à l'University of California, San Diego. "Comprendre comment les rotavirus et d'autres agents pathogènes peuvent tirer profit des composants du lait maternel guidera l'élaboration de nouvelles stratégies de vaccination pour rester en tête de la course aux armements hôte-pathogène."