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Entendre des voix

Expériences psychotiques : un suicide sur 4 serait lié à des hallucinations

Par la rédaction avec Mathilde Debry

Une tentative de suicide sur quatre serait en fait liée à des hallucinations visuelles, auditives ou olfactives, qui sont bien plus courantes qu'on ne le pense. 

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Pour empêcher plus de suicides, une nouvelle voie thérapeutique s’est ouverte. Une tentative sur quatre serait en fait liée à des hallucinations, selon une recherche récemment publiée dans le JAMA Psychiatry. Les comportements de 84 285 personnes ont été analysés.

"Des recherches récentes ont montré que les expériences psychotiques sont beaucoup plus fréquentes que les troubles psychotiques et qu'elles sont associées à toute une gamme de troubles mentaux. Une association particulièrement forte entre les expériences psychotiques et le comportement suicidaire a aussi récemment été mise en lumière", indiquent les scientifiques en préambule.

"Eteindre une douleur insupportable"

Avec 200 000 tentatives de suicide chaque année et près de 10 000 décès, la France a l’un des taux européens les plus élevés (10e rang sur 32). "On sait aujourd'hui que le suicide n’a pas pour objectif de mourir mais de mettre fin à une souffrance, d'éteindre une douleur devenue insupportable. Ces personnes sont dans une extrême souffrance psychologique, souvent isolées, dans une impasse cognitive où elles pensent ne pas avoir d’autres solutions que celle-là", précise Philippe Courtet, psychiatre spécialiste du suicide au CHU de Montpellier. "Le moteur du suicide, c’est éteindre une douleur insupportable" et non de mourir, résument-ils.

Des chercheurs ont ainsi révélé qu'un quart des tentatives de suicide sont associées à un dysfonctionnement dans la façon dont le cerveau interprète l'information. Il peut s’agir de déformations visuelles, olfactives ou auditives. De tels événements ne sont pas nécessairement associés à des maladies mentales, pouvant survenir par exemple lors d’un très fort stress ou d’un changement d’environnement. On parle alors "d'expériences psychotiques" (non pathologiques), et non pas "d'épisodes psychotiques" (pathologiques). 

Prévenir au moins un quart des tentatives de suicide

Environ 5 à 7% de la population générale déclarent par exemple entendre des voix de temps en temps, un chiffre bien plus élevé que ce que l’on pensait auparavant. Le Dr Ian Kelleher, directeur de l’étude, commente : "nos recherches montrent que si nous pouvons comprendre et traiter les facteurs associés à ces anomalies perceptuelles, nous pourrions prévenir au moins un quart des tentatives de suicide et les décès liés. Etant donné qu'environ un million de personnes en meurent chaque année dans le monde, c'est une perspective très encourageante."

Ces résultats soulignent aussi la nécessité d'accorder une attention médicale particulière aux patients qui déclarent avoir vécu une expérience psychotique, et de reconnaître un sous-type de suicide lié à la psychose, afin d’y consacrer plus de recherches.