De nombreuses études ont déjà pointé le risque accru qu’ont les jeunes femmes non ménopausées de développer des maladies cardiovasculaires, en particulier l’infarctus du myocarde.
D’après ces nouveaux travaux menés par des chercheurs des Universités de Cambridge et de Caroline du Nord, ce risque est d’autant plus important chez les femmes ayant fait une fausse couche ou ayant interrompu leur grossesse.
Un risque plus élevé de 64% de maladie coronarienne
À l’heure actuelle, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de décès chez les femmes dans la majorité des pays, dont la France. En septembre dernier, la Société française de cardiologie dévoilait des chiffres inquiétants : les femmes de moins de 50 ans ont aujourd’hui quatre fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire que d’un cancer du sein. Une augmentation inquiétante et fulgurante des maladies cardiaques chez les femmes, unanimement constatée par la communauté scientifique.
D’après ces nouveaux travaux publiés dans le Journal of Women’s Health, ce risque cardiovasculaire est d’autant plus important chez les femmes n’étant pas allées au bout de leur grossesse, qu’il s’agisse d’une fausse couche ou d’une interruption médicale ou volontaire et n’ayant pas d’autre enfant. Les femmes ayant cinq enfants ou plus courent elles aussi un risque de maladie cardiovasculaire à un âge plus avancé.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de plus de 8 500 femmes blanches et afro-américaines, âgées de 45 à 64 ans, aux États-Unis, et recueillies entre 1987 et 2016. Parmi les femmes ayant participé à l’étude, 138 ont déclaré ne pas être allées au bout de leur grossesse et n'avoir aucun enfant vivant. 3 108 femmes ont eu un ou deux enfants nés vivants, 3 126 ont eu 3-4 enfants nés vivants et 1 694 ont eu cinq enfants vivants ou plus.
Les chercheurs ont constaté que les femmes qui avaient fait une fausse couche et qui n'avaient pas d'enfants nés vivants présentaient un risque 64% plus élevé de maladie coronarienne et 46% plus élevé d'insuffisance cardiaque que les femmes ayant un ou deux enfants. Les femmes ayant connu cinq grossesses ou plus ont quant à elles 38% plus de risques d'avoir une crise cardiaque grave, et ce quelle que soit la durée de l'allaitement.
"Les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux sont la principale cause de décès chez les femmes dans les pays développés et il est essentiel que nous comprenions pourquoi c'est le cas", affirme le Dr Clare Oliver-Williams, du Département de santé publique et de soins primaires à l'Université de Cambridge. "Nos travaux suggèrent qu'il existe une relation entre le risque de maladie cardiovasculaire et l’interruption de grossesse et le fait d'avoir un grand nombre de naissances.
Axer la prévention sur les femmes pré-ménopausées
Comment expliquer ce lien entre grossesse n’étant pas allée à son terme et risque accru de maladie cardiovasculaire ? Pour les chercheurs, plusieurs mécanismes peuvent sous-tendre la relation entre les fausses couches et les maladies coronariennes, notamment les troubles immunitaires, les maladies chroniques et le dysfonctionnement de l'endothélium (cellules qui tapissent l'intérieur des vaisseaux sanguins), mais tout est encore à démontrer.
Même constat lorsqu’il s’agit d’établir les raisons possibles entre le risque cardiovasculaire et les naissances multiples. Selon eux, les grossesses répétées pourraient entraîner des changements durables dans l'organisme, y compris un gain de poids, surtout autour de la taille, et une augmentation du taux de cholestérol dans le sang. De plus, le nombre d'enfants d'une femme comprend également d'autres facteurs de risque, notamment le stress dû à l'éducation des enfants, l'âge à la ménopause et l'état de santé. Toutefois, ce risque accru d'insuffisance cardiaque, de maladie coronarienne et de crise cardiaque pour les grossesses multiples doit faire l’objet de recherches plus poussées.
"Cette étude n'est pas conçue pour stresser et inquiéter les femmes, en particulier celles qui ont connu la détresse de la perte de grossesse. Au lieu de cela, nous voulons donner aux femmes les moyens d'acquérir des connaissances qui les aideront à réduire les risques qu'elles courent", poursuit la chercheuse, qui souhaite que les résultats de l’étude soient pris en compte dans la prévention des maladies cardiovasculaires chez les femmes pré-ménopausées.
"La plupart des femmes savent à l'âge de 40 ans combien d'enfants elles ont eu et combien de fausses couches elles ont subies, c'est-à-dire des années avant que la plupart des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux ne surviennent. C'est l'occasion d'apporter des changements à leur mode de vie, comme l'exercice et l'alimentation, qui peuvent aider à réduire le risque de maladies cardiovasculaires", conclut le Dr Clare Oliver-Williams.