Google n'est pas qu'un moteur de recherches. Depuis 2017, des chercheurs de Verily Life Science, une filiale santé de la firme américaine, se sont lancé le défi de débarrasser la planète des moustiques vecteurs de maladies comme le Zika, la dengue, le chikungunya ou encore la fièvre jaune.
Des moustiques génétiquement modifiés
Baptisée "Debug Fresno", leur initiative les a amenés à libérer dans le comté de Fresno (Californie du Nord) 80 000 petits moustiques mâles génétiquement modifiés pour être stériles d'une envergure de quelques millimètres, après les avoir infectés en laboratoire par la bactérie Wolbachia, qui affecte de nombreux insectes. Une fois libérés, ils essaieront naturellement de s'accoupler avec d'autres moustiques femelles Aedes Aegypti, mais cette bactérie provoquera des productions d'oeufs non viables, ce qui devrait progressivement faire diminuer leur population.
"Aucun moustique mâle ne pique, ils n’ont même pas les parties de la bouche nécessaires pour le faire", expliquent les chercheurs dans un billet daté du 19 novembre dernier. "Seules les femelles ont besoin de sang pour leurs œufs et pour se reproduire. C’est ainsi que les moustiques femelles sauvages propagent des maladies, en se déplaçant de personne en personne tout en se nourrissant, c'est pour cela que nous considérons la femelle Aedes aegypti comme un mauvais insecte".
Aucun danger pour l'Homme
Cette méthode de lutte biologique, aussi appelée "technique de l'insecte stérile", a été mise au point pour limiter, voire éradiquer, les populations d'insectes posant des problèmes sanitaires, économiques ou environnementaux, en limitant leur capacité à se reproduire. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), recourir à cette pratique "n'implique aucune modification génétique des moustiques" et les bactéries Wolbachia "n'infectent ni l'être humain ni les autres mammifères".
En 2017, Verily a libéré plus de 15 millions de moustiques et réussi à réduire le nombre de moustiques femelles Aedes aegypti de 68 %. Cette année, "nos données indiquent que nous avons atteint une réduction de plus de 95% du nombre de moustiques femelles piqueuses Aedes aegypti par rapport aux régions similaires où nous n'avons pas libéré" de moustiques mâles génétiquement modifiés. Leurs résultats sont précieux pour la création de nouveaux programmes, notamment dans les pays tropicaux où sévissent fortement ces moustiques.
La dengue, ou "grippe tropicale"
La dengue, aussi appelée "grippe tropicale", est une fièvre hémorragique tropicale liée à un arbovirus, transmis par la piqûre d’un moustique tigre femelle uniquement. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à 50 millions le nombre de cas annuels dans le monde, dont 500 000 cas de dengue "hémorragique", c'est à dire qui sont mortels dans plus de 2,5% des cas. La dengue est initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde.
Les symptômes se manifestent au bout de 3 à 14 jours (en moyenne 4 à 7 jours) après la piqûre infectante. On observe alors un syndrome grippal touchant les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il n’existe aucun traitement spécifique. Si la dengue hémorragique est une complication potentiellement mortelle, le diagnostic clinique précoce et une prise en charge clinique rapide permettent souvent de sauver des vies.
Comme le souligne l'Organisation de la Santé (OMS), "on retrouve plus de 70% de la charge de morbidité imputable à cette maladie en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental. En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’incidence comme la gravité de la maladie ont augmenté rapidement ces dernières années. L’Afrique et la Méditerranée orientale ont également enregistré davantage de flambées épidémique au cours des dix dernières années". Dernièrement, près de 1 300 cas de dengue ont été confirmés dans le nord, l’ouest et le sud de la Réunion depuis le 1er janvier 2018
Le chikungunya, "devenir tordu"
Le chikungunya est une maladie virale également transmise par la piqûre d'un moustique tigre. Le nom de "chikungunya" vient d'un verbe de la langue kimakonde qui signifie "devenir tordu" en référence à l'apparence voûtée de ceux qui souffrent de douleurs articulaires. En effet, le chikungunya se caractérise par l'apparition brutale de fièvre souvent accompagnée de douleurs articulaires (souvent invalidante, mais elle disparaît généralement au bout de quelques jours ou de quelques semaines).
Des cas de myalgies, céphalées, nausée, fatigue et éruption ont également été observés. La plupart des patients se rétablissent bien, mais dans certains cas, les douleurs articulaires persistent pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Mais soyons honnête, cela reste théorique en France métropolitaine et les risques sont pour le moment extrêmement faibles.