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Réverbère

Pollution lumineuse : les éclairages extérieurs déclenchent des insomnies

Par Mathilde Debry

Les personnes âgées qui vivent en ville dorment moins bien à cause des lumières extérieures. Les scientifiques parlent d'une "pollution lumineuse". 

kievith / istock

Pour la première fois, une étude démontre que les lumières citadines déclenchent des insomnies. Cette "pollution lumineuse" a été mise au jour en Corée du Sud, grâce à une évaluation de la consommation de somnifères des personnes âgées.  

Des niveaux croissants d'exposition nocturne à la lumière artificielle extérieure ont été associés à une prévalence accrue de prescriptions d'hypnotiques (somnifères) chez le troisième âge, consommés à hautes doses sur de trop longues périodes. "Nos résultats confirment que l'éclairage extérieur pourrait être lié à la privation de sommeil", déclare Kyoung-bok Min, directeur de la recherche (Seoul National University College of Medicine).

Cartographie satellite

La cohorte comprenait 52 027 personnes âgées de 60 ans ou plus, dont environ 60% étaient des femmes. 11 738 (22,6%) d’entre eux prenaient des hypnotiques. Les deux médicaments les plus prescrits contre les troubles du sommeil étaient le zolpidem et le triazolam, représentant 63,2 % et 30,4 % des ordonnances, et constituant 93,6 % du total des somnifères consommés. L’évaluation de l’exposition à la lumière s’est basée sur la cartographie satellite.

"Pour s'assurer que les données étaient représentatives de la population sud-coréenne, la cohorte a été construite en utilisant un échantillonnage aléatoire basé sur l'âge, le sexe, la zone résidentielle, le revenu et les dépenses médicales annuelles", précisent les scientifiques.

La durée d’une nuit idéale

Des chercheurs de l'Onassis Cardiac Surgery Centre (Grèce) viennent d’établir que la durée d’une nuit idéale devait être comprise entre six et huit heures de sommeil. Les petits dormeurs (moins de 6 heures) ont un risque accru de 11% de développer ou de périr d'une maladie des coronaires et d'un AVC.

Une autre cohorte de 3 974 adultes, présentée par le Spanish National Centre for Cardiovascular Research (CNIC) de Madrid, a également prouvé que les personnes qui dormaient moins de six heures par nuit ou qui se réveillaient à plusieurs reprises pendant leur sommeil développaient plus d'athérosclérose asymptomatique. Les hommes d'âge moyen dormant moins de cinq heures par nuit doublent aussi leur risque de maladie cardiovasculaire grave, selon l'université suédoise de Göteborg.

De lourdes conséquences physiques et psychologiques

Une privation de sommeil chronique a par ailleurs été associée à la prise de poids, l’obésité, la contraction d’infections, le développement des cancers du sein et de la prostate (hormono-dépendants), l’hypertension ou encore la dépression. "Depuis une quinzaine d’années, les lourdes conséquences physiques et psychologiques du manque de sommeil sont désormais prouvées. Le problème, c’est que ce message n’est pas passé auprès du grand public. Les gens ne font pas de leur sommeil une priorité, alors que ça devrait être un temps incompressible du quotidien", déplore le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée, psychiatre et médecin spécialiste du sommeil. "Quand on ne dort pas bien sur une longue période, et qu’on ne comprend pas pourquoi, il faut consulter", insiste-t-elle.

73% des Français déclarent se réveiller au moins une fois par nuit, et 36% affirment souffrir d’au moins un trouble du sommeil (insomnie, apnées, syndrome des jambes sans repos…). Parmi eux, seulement 18% suivent un traitement.