Des chercheurs de l'Université de Kanazawa ont vérifié que les voies de régulation de la réponse immunitaire, appelées inhibiteurs du point de contrôle (PD-1/PD-L1), pouvaient être ciblées dans le traitement des formes graves de la myasthénie.
Selon l’auteur principal de l’étude, Kazuo Iwasa : « La molécule inhibitrice du point de contrôle (PD-1) et ses ligands, PD-L1 et PD-L2, inhibent l’activation des cellules T. La perturbation de cette voie est impliquée dans d’autres troubles auto-immuns, mais son rôle dans la myasthénie n’était jusqu’ici pas clair ».
Chez les malades atteints d’une forme grave de myasthénie, la molécule régulatrice du système immunitaire, le ligand PD-L1, est abondante dans le tissu musculaire et son blocage pourrait permettre réduire les troubles musculaires de la maladie. Cette découverte est publiée dans le Journal of Neuroimmunology.
Une maladie musculaire auto-immune
La myasthénie est une maladie auto-immune chronique des muscles qui provoque un déficit important du fonctionnement des muscles impliqués dans les mouvements du corps et des yeux, la déglutition et la respiration. Bien que les symptômes puissent être à peu près contrôlés par les traitements actuels dans les formes modérées, c’est plus difficile dans les formes graves et il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour cette maladie handicapante.
Dans les tissus musculaires normaux, le mouvement est déclenché lorsque les terminaisons nerveuses libèrent une molécule qui transmet l’information de contraction au muscle à partir du nerf, un neurotransmetteur, l’acétylcholine. Celle-ci se lie à un récepteur situé sur la surface des cellules musculaires. Cette liaison active la contraction du muscle.
La myasthénie se produit lorsque le système immunitaire, qui nous protège habituellement contre les agents pathogènes envahissants, attaque par erreur les récepteurs de l’acétylcholine indispensables à la contraction musculaire. Le contrôle du trouble de l’immunité est donc essentiel pour traiter la myasthénie.
Une étude de neuro-imagerie
En utilisant un anticorps fluorescent spécifique de PD-L1, l'équipe de recherche montre par la technique d’immunofluorescence que PD-L1 est plus abondant dans les tissus musculaires prélevés chez des patients atteints de myasthénie que chez des personnes en bonne santé. L'étude de l'expression des gènes dans ces tissus confirme également leurs premiers résultats, montrant que le gène PD-L1 est davantage exprimé dans les tissus des malades.
Il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes et l'expression des gènes n’est pas influencée par la présence d’une tumeur du thymus, l'organe responsable de la maturation des lymphocytes T et dont le désordre est souvent associé à la myasthénie. Au final, il semble donc bien exister une association directe entre le niveau d'expression du gène de PD-L1 et la gravité de la myasthénie.
Cette relation directe entre l'expression du gène PD-L1 et la gravité de la myasthénie est particulièrement intéressante : à mesure que la gravité de la maladie augmente, l'expression de PD-L1 dans les cellules musculaires augmente également, ce qui peut laisser espérer une augmentation de la réactivité auto-immune et son contrôle par les inhibiteurs de PD-1/PD-L1 pour éliminer les symptômes de la myasthénie.