Il n’existe pas une, mais plusieurs maladies d’Alzheimer, selon une nouvelle étude publiée dans Molecular Psychiatry. "La maladie d'Alzheimer, comme le cancer du sein, ne correspond pas qu’à une seule pathologie", indique l'auteure principale Shubhabrata Mukherjee (Université de Washington). "Je pense qu'un bon médicament peut échouer dans un essai clinique tout simplement parce que tous les sujets n'ont pas le même type de maladie d'Alzheimer", ajoute-t-elle.
Pour parvenir à ces conclusions, son équipe a réparti 4 050 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer en six groupes, puis a identifié leurs caractéristiques génétiques. Les participants ont été évalués dans quatre domaines : la mémoire, l’exécution, le langage et les capacités visuo-spatiales.
Différences biologiques
33 variations génétiques supplémentaires ont été associées à la maladie d’Alzheimer. L'étude a également mis en évidence une relation particulièrement forte entre une variante du gène APOE et le risque de développer la maladie d’Alzheimer pour le sous-groupe mémoire.
"Les implications sont passionnantes", se réjouit Paul Crane, co-auteur de la recherche et professeur de médecine générale de l'Université de Washington. Car en effet, "nous avons trouvé d'importantes différences biologiques entre les sous-groupes de patients atteints de la maladie d'Alzheimer définis cognitivement", ce qui ouvre la voie à des traitements bien plus personnalisés que ceux qui existent aujourd’hui.
APOE ε4
La maladie d’Alzheimer est une maladie multifactorielle avec une composante génétique importante (60 à 80% selon les cas). Le gène APOE est LE facteur génétique commun le plus conséquent dans la maladie. L’APOE est impliqué dans certaines voies biologiques identifiées pour la maladie d’Alzheimer (l’endocytose, le repliement des protéines, l’hémostase et la réponse immunitaire par exemple).
Ce gène a trois allèles communs : l’allèle protecteur APOE ε2, le neutre ou allèle de référence APOE ε3, et l’allèle "de risque" APOE ε4. Selon des études antérieures, les porteurs homozygotes d’APOE ε4 ont un risque estimé de maladie d’Alzheimer de plus de 50% à 85 ans, contre moins de 10% pour ceux qui ne sont pas porteurs de cet allèle.
225 000 nouveaux cas
Aujourd’hui en France, la maladie d’Alzheimer touche directement ou indirectement 3 millions de personnes, et près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. D’ici 2020, si la recherche ne progresse pas, l’Hexagone comptera 1 200 000 personnes malades.