Depuis 2010, le nombre de médecins en activité régulière a diminué de 10%. Cette tendance à la baisse concerne en premier lieu les médecins généralistes. S’ils étaient 94 261 en activité régulière en 2010, ils ne sont plus que 87 801 en 2018, soit une baisse de 7,3% depuis 2010 (0,4% depuis 2017).
Les données du CNOM révèlent aussi un accroissement des inégalités entre les départements les mieux lotis en termes de densité médicale. Les départements les moins bien pourvus comptent en effet désormais 1,6 fois moins de généralistes que les mieux lotis, contre 1,4 fois moins en 2010. L’écart s'avère encore plus important pour différentes autres professions, avec par exemple 2,6 fois moins d'ophtalmologues, 2,7 fois moins de psychiatres et 3,6 fois moins de dermatologues dans les zones les plus sous-dotées.
"Remise en question du pacte Républicain"
"Alors que les inégalités entre départements favorisés et défavorisés en termes de démographie médicale se creusent, l’on constate que les fragilités dans l’accès aux soins sont souvent cumulées à d’autres facteurs de fragilité territoriale. Cela contribue à la remise en question du pacte Républicain, dont la santé pour tous est un pilier", estime en conséquence l’ordre des médecins.
Les médecins ont par ailleurs une tendance de plus en plus affirmée à opter pour l’exercice salarié : c’est le mode d’exercice choisi par 47% d’entre eux aujourd’hui, contre 42% en 2010. La proportion de médecins libéraux a suivi le chemin inverse, passant de 47% à 42% sur la même période. L’exercice mixte reste stable, à 11%.
Insuffisance du renouvellement générationnel
L’insuffisance du renouvellement générationnel est aussi mise en évidence, alors que les étudiants admis en faculté après le rehaussement du numerus clausus (à partir de 2005-2006 notamment) commencent seulement à rentrer dans un exercice plein. "L’index de renouvellement générationnel" (rapport des médecins de moins de 40 ans sur les médecins de 60 ans ou plus) se situe ainsi à 0.85 pour les médecins généralistes et 0.95 pour les spécialistes chirurgicaux, ce qui dénote un renouvellement insuffisant. Seules les spécialités médicales, avec un rapport de 1,21, connaissent un renouvellement réel.
Dans ce cadre et toujours selon le CNOM, trois éléments fondamentaux devront être amendés ou ajoutés aux projets du gouvernement pour que "la réforme santé" d'Emmanuel Macron réussisse :
• Une organisation territoriale incluant l’ensemble des acteurs du soin ;
• Une véritable démocratie sanitaire, seule à même de faire naître une structuration territoriale au service de tous ;
• Une nécessaire réaffirmation du principe de solidarité, issu des ordonnances de 1945.