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Cancer de la peau : l'examen à l'oeil nu ne suffit pas

Par Chloé Savellon

Des scientifiques britanniques suggèrent d'approfondir les recherches dans le diagnostic du cancer de la peau et de développer des méthodes plus sophistiquées qu'un simple examen à l'œil nu. 

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L'inspection visuelle d'une lésion cutanée suspecte à l'œil nu ne suffit pas à elle seule à assurer un diagnostic précis du cancer de la peau. Voici les conclusions de scientifiques britanniques, dont les travaux ont été publiés dans la revue The Cochrane Library jeudi 6 décembre. 

Les recherches ont porté sur l'exactitude des tests utilisés pour le diagnostic du cancer de la peau. Une série de onze examens, financée par l'Institut national de recherche en santé (IRNS), a été réalisée par une équipe de plus de 30 chercheurs et de conseillers experts.

D'après le Dr Jac Dinnes, membre de l'Institut de recherche appliquée en santé de l'Université de Birmingham et auteur principal de ces travaux : "La détection précoce et précise de tous les types de cancer de la peau est essentielle pour gérer la maladie et améliorer les taux de survie dans le mélanome, d'autant plus que le taux de cancer de la peau augmente dans le monde entier."

Différencier les cancers des lésions cutanées bénines

Il existe trois formes principales de cancer de la peau. Le mélanome, le carcinome épidermoïde cutané (CSCC) et le carcinome basocellulaire (CBC). Les deux premiers sont des cancers de la peau à haut risque qui peuvent se propager et causer la mort. Un carcinome basocellulaire (CBC) provoque rarement de métastases et reste habituellement localisé sur une petite partie de la peau. Cette forme de cancer est donc considérée comme "à risque intermédiaire". 

"Nous avons constaté qu'il faudrait examiner attentivement les technologies qui pourraient être utilisées pour s'assurer que les cancers de la peau ne soient pas occultés, tout en veillant à ce que les renvois inappropriés pour une évaluation par un spécialiste et l'excision inappropriée des lésions cutanées bénignes soient réduites", estime le Dr Dinnes. 

L'intelligence artificielle pour détecter les mélanomes ?

Parmi les méthodes recommandées par l'équipe du Dr Dinnes, ressort la dermoscopie. Cet examen indolore réalisé à l'aide d'une loupe grossissante permet un examen approfondi de la peau. La dermoscopie est déjà largement utilisée par les dermatologues pour diagnostiquer le mélanome, mais son utilisation dans les soins primaires n'a pas été largement évaluée, d'où la nécessité de mener des recherches plus spécifiques.

Les scientifiques qui ont mené les recherches pointent également les techniques d'intelligence artificielle, comme le diagnostic assisté par ordinateur (DAC), qui permet d'identifier plus de mélanomes que les médecins utilisant des images dermoscopiques.  Cependant, les systèmes de conception assistée par ordinateur produisent aussi beaucoup plus de diagnostics faussement positifs que la dermoscopie et pourraient entraîner une augmentation considérable du nombre de chirurgies inutiles. 

Point de départ pour des recherches plus spécifiques

D'autres tests tels que l'utilisation d'ultrasons à haute fréquence sont prometteurs, en particulier pour le diagnostic des CBC, mais la base de données probantes est petite et il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. 

L'équipe de recherche a déclaré que les futures études évaluant les tests diagnostiques de cancer de la peau devraient recruter des patients présentant des lésions cutanées suspectes.

"Bien que certaines conclusions utiles aient été tirées, par exemple sur le rôle de la dermoscopie, la plus grande valeur de cette recherche est de servir de point de référence pour la conception d'études futures évaluant les techniques de diagnostic du cancer de la peau chez des patients qui sont généralement vus en médecine générale et en milieu spécialisé", considère le Dr Dinnes.