Faut-il interdire les cabines de bronzage ? A l’occasion de la journée annuelle de prévention et de dépistage des cancers de la peau organisé le 30 mai, la question revient sur le devant de la scène. L’année dernière, la ministre de la Santé avait fait savoir, à l’occasion de l’édition 2012 de la journée de dépistage des cancers de la peau, qu’elle envisageait de durcir la réglementation sur les cabines de bronzage. Un décret était même en préparation, avait précisé Marisol Touraine lors d’une conférence de presse. Et la ministre avait alors « affirmé sa détermination à poursuivre les travaux de dépistage. »
En janvier dernier, l’ANSES, saisi par la Direction générale de la santé (Dgs) sur ce projet de décret avait répondu sans détour à la question : l’Agence de sécurité sanitaire avait recommandé « la cessation, à terme, de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels et de la vente d’appareils délivrant des UV artificiels à visée esthétique.
Pour l’Anses, le durcissement de la réglementation était « une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour leurs utilisateurs ». Pire encore, l’Agence considèrait que les mesures prises pour mieux encadrer la pratique du bronzage par UV artificiels pourrait laisser penser que c’est une garantie de sécurité et qu’il n’y aurait donc aucun risque à s’exposer à ces rayonnements. Or, les données scientifiques prouvent le contraire. En effet, le Centre international de recherche sur le cancer a évalué que le risque de développer un mélanome cutané est augmenté de 75% pour les personnes qui ont eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage, avant l’âge de 30 ans.
Un an après cette prise de position, ce décret reste pourtant à l’état de projet.
Ecoutez le Dr Dr Claudine Blanchet-Bardon, dermatologue, vice-présidente du SNDV : « Nous attendons toujours le durcissement de la réglementation des cabines de bronzage. On taxe le tabac et l’alcool… Pourquoi pas le soleil en boîte ? »
Dans son avis, l’Anses ne précise pas à quelle échéance il faut interdire les cabines de bronzage mais elle souligne que le nombre de centres de bronzage a doublé entre 2002 et 2009. Et selon une enquête réalisée par l’Institut national pour la prévention et l’éducation à la santé (Inpes), en 2010, 13,4% des Français ont déjà utilisé des UV artificiels au moins une fois au cours de leur vie. Les cabines de bronzage sont surtout fréquentées par des femmes et des jeunes. Par ailleurs, phénomène plus inquiétant, 3,5% des moins de 18 ans déclarent y avoir eu recours alors que la fréquentation des cabines UV est interdite aux mineurs. Et un tiers des utilisateurs déclare une fréquence d’exposition supérieure à 10 fois par an.
Enfin, des d’idées fausses continuent de circuler sur les dangers des UV artificiels. Par exemple, un quart des personnes interrogées pense que l’exposition aux UV artificiels prépare la peau au soleil et permet d’éviter les coups de soleil. Et seulement un peu moins de la moitié se sentent bien informés sur les risques de cancer associés aux UV.
Ecoutez Dr Claudine Blanchet-Bardon : « Les cabines de bronzage ne délivrent que des UVA, ce qui ne permet pas de préparer la peau au soleil. »