Le sommeil est une fonction essentielle et indispensable chez toutes les espèces, y compris humaine. Durant notre sommeil, plusieurs processus physiologiques s’accomplissent dans le corps : les muscles se reposent, la pression artérielle et la fréquence des battements du cœur diminuent, les tissus du foie et des muscles se régénèrent, la sécrétion des hormones de croissance est la plus élevée... Toutes ces variations obéissent à un cycle chronobiologique de 24 heures et sont articulées autour du sommeil.
Pourtant, tout comme les adultes, les enfants peuvent souffrir de troubles du sommeil persistants pouvant impacter leurs développements physique, cognitif et social. Ces problèmes se caractérisent par des insomnies (difficultés d’endormissement et réveils nocturnes), des hypersomnies (sommeil excessif) ou encore, des parasomnies (somnambulisme, terreurs nocturnes, cauchemars, etc.), principalement dues à des facteurs biologiques ou environnementaux. Selon plusieurs études menées en Australie, aux Etats-Unis, en Italie et en Israël, environ 30% des enfants d'âge préscolaire souffrent de troubles du sommeil. Selon l'Assurance Maladie, 25 à 50% des ceux de moins de 5 ans souffrent précisément d'insomnie.
Les réveils nocturnes
La majorité des enfants âgés de 9 mois à 3 ans, y compris les bébés qui avaient appris à "faire leurs nuits" entre 3 et 6 mois, subissent des réveils nocturnes. "Des études scientifiques ont montré que les enfants de 1 à 3 ans se réveillent en moyenne trois fois par nuit, lors des changements de cycle de sommeil. Le plus souvent, ces réveils surviennent entre minuit et 5 heures, et l’enfant se rendort seul en moins de 10 minutes". Un tiers des bébés ne parvient cependant pas à se rendormir et le fait savoir à ses parents en pleurant, exprimant ainsi le besoin d'être rassuré.
Les difficultés à s'endormir
Chez les enfants en âge d'aller à l'école, l'endormissement peut être difficile. Ces derniers ont tendance à faire diversion pour repousser le moment du coucher en réclamant une histoire, en appelant leurs parents... L'Assurance Maladie énumère plusieurs raisons à ce comportement. Soit "le rythme de l'enfant est décalé : il s'endort tard et se lève tard. Ce décalage horaire est favorisé par des activités souvent tardives dans la journée. Soit l'enfant est anxieux, a peur du noir, de faire des cauchemars, soit il ne peut pas s'endormir seul. Il est également possible qu'il soit hyperstimulé (utilisation tardive des écrans de télévision, d'ordinateur, activité sportive tardive...) ou l'enfant est un 'petit dormeur'. Une fois endormi, il dort bien et se réveille spontanément et en forme".
Cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme
Les parasomnies sont des comportements involontaires qui impliquent des mouvements, émotions et rêves anormaux et inconscients. Ils peuvent survenir lors de l’endormissement, du sommeil ou de réveils nocturnes. Chaque enfant fait normalement des cauchemars. Ceux-ci surviennent plutôt dans la deuxième partie de la nuit, pendant les phases dites de sommeil paradoxal. À l’inverse des terreurs nocturnes, un enfant qui fait un cauchemar se réveille, reconnaît ses parents et se souvient d’avoir fait un cauchemar le lendemain.
Des cauchemars occasionnels sont un moyen pour l’enfant d’évacuer les tensions de la journée et ne doivent pas inquiéter. Au fur et à mesure qu’il grandira, l’enfant fera des rêves de plus en plus élaborés qui seront un moyen de régler ses angoisses et ses peurs. Des cauchemars intenses et répétés peuvent, en revanche, être le signe d’une anxiété plus profonde, en rapport avec des problèmes familiaux ou avec l’école.
Les terreurs nocturnes sont fréquentes chez les enfants et surviennent plutôt en début de nuit (moins de trois heures après l’endormissement) et pendant le sommeil profond. L’enfant semble réveillé, il s’agite, il crie, il est en sueurs, ses fréquences cardiaque et respiratoire sont accélérées, mais en réalité il dort. Ces terreurs nocturnes n’expriment aucune angoisse. Une terreur nocturne ne dure que quelques instants : l’enfant va continuer sa nuit sans se réveiller et il ne s’en souviendra pas. Il ne faut pas le réveiller et ne pas lui en parler le lendemain, sous peine de le perturber. Les terreurs nocturnes apparaissent en général avant 4 ans, et concerneraient environ 40 % des moins de 6 ans.
Le somnambulisme est un comportement que l’enfant développe pendant le sommeil profond, en étant partiellement réveillé, mais non conscient de ses actes : il peut marcher dans la maison et même en sortir. Ce trouble, peu fréquent dans la petite enfance, devient plus courant avec l’âge. Il concernerait ainsi 15 % des 4-12 ans. D’autres troubles sont possibles, mais sont moins spectaculaires : grincements de dents, parler en dormant, mouvements répétitifs lors de l’endormissement… Dans la majorité des cas, ces parasomnies sont sans gravité et tendent à disparaître avec la croissance, bien qu’elles puissent perturber durablement le sommeil de l’enfant et de sa famille.
Quelle est la durée de sommeil idéale selon l'âge ?
La durée idéale d'une nuit de sommeil est celle qui donne le sentiment d'être en forme le lendemain matin. Il y a des variations importantes d’un âge à l'autre. Le rythme et les habitudes de sommeil vont bien sûr s'adapter aux diverses obligations (familiales ou scolaires). La National Sleep Foundation (NSF), l’organisme américain visant à promouvoir l'éducation au sommeil, a déterminé des durées de sommeil idéales en fonction de l'âge, à partir de plus de 300 études publiées :
La National Sleep Foundation recommande donc de dormir :
- Nouveaux-nés (moins de 3 mois) : entre 14 et 17 heures par jour
- Nourrissons (entre 4 et 11 mois) : entre 12 et 15 heures
- Bambins (entre 1 et 2 ans) : entre 11 et 14 heures
- Enfants de moins 5 ans : entre 10 et 13 heures
- Ecoliers (entre 6 et 13 ans) : entre 9 et 11 heures
- Adolescents (entre 14 et 17 ans) : entre 8 et 10 heures
- Adultes entre 18 et 25 ans : entre 7 et 9 heures
- Adultes entre 26 et 64 ans : entre 7 et 9 heures
- Seniors de plus de 65 ans : entre 7 et 8 heures
Des troubles du sommeil trop importants et trop fréquents peuvent être responsables d’une somnolence durant la journée, de troubles du caractère à type d’irritabilité, de difficultés d’apprentissage scolaire (problèmes d’attention, de concentration, de mémorisation). À plus long terme, les difficultés d'apprentissage et la baisse de la motivation peuvent conduire au décrochage scolaire. Les troubles du sommeil ont aussi été associés à un risque plus important de développer un surpoids. Il est donc important de consulter un médecin pour comprendre d'où provient le problème et le solutionner.