Les scientifiques sont-ils sur le point de trouver un moyen de lutter contre la maladie d’Alzheimer ? Alors qu’en France, cette maladie neurodégénérative, toujours incurable, touche en moyenne 900 000 personnes, de nouveaux travaux publiés par l’Université de l’Alberta, au Canada, ouvrent la voie à un dépistage précoce d’Alzheimer et donc à la possibilité de développer de nouveaux traitements.
La découverte de 3 biomarqueurs dans la salive
La réelle innovation de ces nouveaux travaux réside dans le moyen de dépister Alzheimer : par un simple test salivaire. Les deux chercheurs qui en sont les auteurs, Liang Li, professeur au département de chimie et Roger Dixon, professeur au département de psychologie de l’Université de l’Alberta ont en effet réussi à identifier dans des échantillons de salive 3 biomarqueurs permettant de détecter des troubles cognitifs légers, ainsi que la maladie d’Alzheimer.
Les Pr Li et Dixon ont examiné des échantillons de salive de trois groupes : l’un constitué de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, un autre de patients présentant une déficience cognitive légère et un dernier présentant une cognition normale. À l'aide d'un spectromètre de masse puissant, les chercheurs ont examiné plus de 6 000 métabolites, c’est-à-dire de minuscules composants qui font partie des processus métaboliques de notre corps - afin d'identifier tout changement ou toute signature entre les groupes.
"Dans cette analyse, nous avons trouvé trois métabolites qui peuvent être utilisés pour différencier ces trois groupes", explique le Pr Li. "Il s'agit d'un travail préliminaire, car nous avons utilisé un très petit échantillon. Mais les résultats sont très prometteurs. Si nous pouvons utiliser un plus grand nombre d'échantillons, nous pourrons valider nos résultats et mettre au point un test de salive de la maladie d'Alzheimer."
Un dépistage 5 à 10 ans avant l’apparition des premiers symptômes
S’il s’avérait efficace pour dépister la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles cognitifs légers, ce test salivaire pourrait rapidement faire son apparition en milieu clinique. Peu cher et non-invasif, il a selon les chercheurs le potentiel de détecter les maladies neurodégénératives plus tôt, ce qui permet une intervention précoce, parfois 5 à 10 ans avant l’apparition des premiers symptômes.
"Alzheimer se développe pendant une longue période. Ce que nous essayons de faire avec le test salivaire, c’est de retourner au début de ce processus, avant que les personnes ne puissent être diagnostiquées."
À l’heure actuelle, aucun test ne permet de dépister la maladie avant l’apparition des premiers symptômes. Le test salivaire mis au point par l’équipe de l’Université de l’Alberta pourrait combler ce manque et faire grandement avancer la recherche contre Alzheimer et les maladies neurodégénératives. "Jusqu'ici, aucune intervention modifiant la maladie d'Alzheimer n'a été couronnée de succès", affirme Roger Dixon. "Pour cette raison, les chercheurs cherchent à découvrir les premiers signes de la maladie afin que des protocoles de prévention puissent être mis en œuvre."
L’autre avantage de l’identification de ces biomarqueurs de manière précoce est la possibilité de réaliser des tests d’efficacité des traitements. "En utilisant les biomarqueurs, nous pouvons également effectuer des tests pour voir quels types de traitements sont les plus efficaces pour traiter la maladie d'Alzheimer - du régime alimentaire à l'activité physique en passant par les produits pharmaceutiques", ajoute le Pr Li.