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La colère

Les prestataires de santé à domicile s’opposent au plan d’économie du gouvernement

Par Charlotte Arce

Mercredi 12 décembre, les quatre principaux acteurs de la prestation de santé à domicile ont quitté la réunion convoquée par le Comité économique des produits de santé pour protester face à la baisse des tarifs de la perfusion à domicile. 

KatarzynaBialasiewicz/iStock

Les prestataires de santé à domicile (PSAD) ne décolèrent pas. Quelques semaines après avoir adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour s’opposer aux 150 millions d’euros d’économies programmées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019, les quatre principaux acteurs de la prestation de santé à domicile ont annoncé dans un communiqué avoir quitté une réunion avec le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui s’est déroulée mercredi 12 décembre.

En cause : l’annonce de "baisses drastiques sur les tarifs de la perfusion à domicile", qui permettraient de réaliser 40 millions d’euros d’économies supplémentaires. "Moins de deux semaines après la présentation d’un plan d’économies de plus de 100 millions d’euros sur les tarifs des stomies et troubles de la continence, soit une coupe de plus de 20%, le CEPS nous annonce de nouvelles baisses tarifaires dans le domaine de la perfusion (…). Et l’hémorragie tarifaire ne semble pas terminée puisque, selon nos informations, 40 millions d’euros seraient également attendus sur les lits médicalisés, équivalant à une baisse tarifaire de près de 20% sur deux ans", écrivent les PSAD.

La mise en péril d’une profession

Pour les prestataires de soins de santé, cette nouvelle coupe budgétaire est celle de trop. Dans leur communiqué, la Fédération des PSAD, le Syndicat national des associations d’assistance à domicile (SNADOM), le Syndicat des prestataires de dispositifs médicaux (UNPDM) et l’Union des prestataires de santé à domiciles indépendants (UPSADI) s’entendent pour dénoncer une "méthode irresponsable et brutale" qui consiste à n’avoir informé "qu’en décembre de l’effort de 180 millions d’euros exigés de leur part en 2019".

"Au total, ce sont donc 250 millions d’euros qui sont demandés aux PSAD en 2019, soit une ponction équivalente à celle subie en 5 ans ! Ce n’est pas simplement déraisonnable, c’est signer l’arrêt de mort de la prestation de santé à domicile", s’alarment-ils.

Rappelant que le vieillissement de la population et la prévalence des maladies chroniques expliquent l’augmentation du nombre de patients pris en charge à domicile, ils affirment par ailleurs que celle-ci est "avant tout la conséquence du virage ambulatoire encouragé par tous les gouvernements ces vingt dernières années pour soulager l’hôpital et maîtriser les dépenses de santé. Et pour cause, le coût d’une prise en charge à domicile est inférieur de 30 à 40 % à celui d’une prise en charge hospitalière !"

Les patients, premières victimes des coupes budgétaires

Pour les acteurs de la prise en charge à domicile, ces nouvelles coupes budgétaires relèvent d’une "méconnaissance consternante" du secteur. Et ce sont "les centaines de milliers de patients" qui en sont les premières victimes.

"Ce sont 130 000 patients nécessitant des perfusions à domicile pour une antibiothérapie en sortie d’hospitalisation, des douleurs chroniques, une chimiothérapie, une immunothérapie …, qui seront demain contraints de rester à l’hôpital ou d’y retourner ; 150 000 patients stomisés ou atteints de troubles de la continence qui n’auront d’autre choix que de se former seuls à l’utilisation de leurs dispositifs médicaux et de retourner à l’hôpital pour traiter les complications ; 300 000 patients qui, sans lit médicalisé, ne pourront plus être maintenus à domicile. À terme, ce sont plus de 2 millions de patients qui seront privés de l’accompagnement personnalisé et de proximité réalisé par les PSAD."

"Face à l’urgence de la situation, nous cessons toute discussion avec le CEPS et demandons à être reçus, dans les plus brefs délais, par la ministre de la Santé" Agnès Buzyn, réclament les acteurs de la prestation de santé à domicile afin de bénéficier d’une concertation sur un certains nombres de points, notamment le tarif de certaines prestations, ainsi que pour "intégrer au futur projet de loi santé la reconnaissance et la consolidation du rôle des PSAD en qualité d’acteur de santé à part entière".