Les patients souffrant de maladies chroniques et de pathologies lourdes pourront-ils bientôt acheter en toute légalité du cannabis dans les officines pour soigner leurs maux ? C’est ce que laisse espérer le dernier communiqué de presse de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
En septembre dernier, celle-ci avait mandaté un comité d’experts chargé d’évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France. Ce dernier vient de rendre ses premières conclusions, favorables à son usage sous certaines conditions.
Le cannabis thérapeutique autorisé sous certaines conditions
Parmi celles-ci, que le cannabis à visée thérapeutique soit réservé aux "patients dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance des thérapeutiques, médicamenteuses ou non, accessibles (et notamment des spécialités à base de cannabis ou de cannabinoïdes disponibles)". "Cet usage peut être envisagé en complément ou en remplacement de certaines thérapeutiques", précise encore le communiqué de presse.
Les experts ont ainsi retenu certaines situations thérapeutiques justifiant l’usage du cannabis : en cas de douleurs réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles, dans certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, dans le cadre des soins de support en oncologie, dans les situations palliatives et dans la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques.
Précisant que le cannabis thérapeutique ne pourra être fumé en raison des risques pour la santé, le comité d’experts souhaite désormais qu’un "suivi des patients traités soit mis en place sous forme d'un registre national pour assurer une évaluation de son bénéfice/risque, qu'une évaluation des effets indésirables soit régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance, et que la recherche soit favorisée" en vue d’une évolution de la législation.
Pas de légalisation immédiate à l’horizon
Interrogé par L’Express, Nicolas Authier, qui préside le comité d’experts, explique avoir "considéré, à l’instar de plusieurs autres pays développés, qu'il n'était pas éthique de refuser aux patients un traitement qui pourrait les soulager. D'autant que de nombreux malades ne nous ont pas attendus, ce qui les expose à des risques".
Précisant qu’il ne s’agit pour le moment que d’une "première voie vers la légalisation", Nicolas Authier se veut réaliste : l’arrivée du cannabis thérapeutique dans les officines ne risque pas de se faire lors des prochains mois. "Certains parlementaires disent que le processus peut aller vite, mais en réalité beaucoup de questions restent encore à trancher. Elles vont occuper notre comité tout au long du premier semestre 2019. Il faudra ensuite voir s'il faut changer la loi, ou si seul un décret s'avérera nécessaire. Quoi qu'il en soit, j'ai le sentiment que le ministère veut encore prendre le temps de la réflexion."